Suivi de l'éducation et de la formation 2015: Il est primordial d’investir dans l’enseignement et dans les enseignants

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Le 12 novembre 2015, la Commission européenne a publié son Suivi de l'éducation et de la formation 2015 (disponible en anglais uniquement). Ce document rend compte de l’évolution des systèmes d’éducation et de formation des États membres en vue de la poursuite des objectifs de la stratégie Éducation et formation 2020. Il s’accompagne de 28 rapports approfondis qui complètent l'analyse transnationale par des données et informations nationales sur les dernières mesures prises et réformes mises en œuvre.Ce rapport est l’une des principales sources sur lesquelles se fondera l’analyse de la Commission concernant les défis de l’enseignement et l’évolution de ses politiques dans le cadre du semestre européen 2016. Grâce au suivi des progrès dans l’accomplissement des objectifs de la stratégie Éducation et formation 2020, le Suivi contribue, par extension, aux deux grands objectifs de la stratégie Europe 2020 en matière d’éducation.

Cette année, le Suivi a identifié deux enjeux prioritaires pour l’éducation et la formation : l’investissement dans l’éducation et l’inclusion par l’éducation. Il présente également les actions politiques à mener en vue d’améliorer l’inclusion, la pertinence et la qualité de l’éducation en Europe. Le document souligne, par ailleurs, qu’en dépit du large consensus sur le besoin imminent d’augmenter les investissements dans l’éducation, la majorité des États membres ont diminué leurs investissements dans le secteur. Selon les informations récoltées, les États membres ayant subi des réductions budgétaires ces dernières années sont les Pays-Bas, la Finlande, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni.

Actuellement, le manque de compétences fondamentales constitue l’un des plus grands défis, dans la mesure où il est principalement lié au contexte socio-économique des élèves. En effet, aucun pays membres de l’Union n’est parvenu à abaisser le pourcentage d’élèves âgés de 15 ans présentant un manque de compétences fondamentales et issus d’un contexte socio-économique difficile en dessous de 15%. En outre, le taux d’élèves en décrochage scolaire prématuré s’élève à 11,1% au sein de l’UE. Comme les deux aspects précédents, l’accès à l’enseignement supérieur est également tributaire du contexte socio-économique des étudiants. Il s’élève aujourd’hui à 37,9%, mais la frange de la population diplômée reste étroitement liée à la situation familiale des étudiants.

Selon le Suivi, le rôle des enseignants et des éducateurs est crucial dans l’amélioration de l’inclusion, de la qualité et de la pertinence de l’enseignement.  La formation initiale des enseignants et leur développement professionnel continu (DPC) sont, dès lors, essentiels à la mise en œuvre d’une éducation de qualité et inclusive. Le Suivi indique clairement que les gouvernements doivent  favoriser l’intégration, la formation initiale et le DPC et qu’il ne devrait y avoir aucune entrave aux offres de formation pour les enseignants.

Martin Rømer, Directeur européen du CSEE, a déclaré: “Nous nous réjouissons que la Commission européenne reconnaisse enfin ce que le CSEE avance depuis longtemps maintenant : le développement professionnel des enseignants est primordial si l’on entend fournir une éducation de qualité. Toutefois, la situation actuelle est contradictoire : la réduction des investissements dans l’éducation porte préjudice aux conditions de travail des enseignants et à leur développement professionnel plus qu’elle ne les améliore. Les enseignants assument de lourdes responsabilités, telles que la réussite de leurs élèves/étudiants, c’est pourquoi il est inacceptable  que les cours de DPC soient suivis à leurs frais et en dehors de leurs heures de travail. ».

En réponse à Tibor Navracsisc, Commissaire européen en charge de l’éducation et de la formation , qui a exprimé dans le Suivi le souhait de saisir l’opportunité qu’offre le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) d’attirer des capitaux privés dans l’éducation afin d’assurer des investissements dans le secteur, le CSEE tient à rappeler que l’éducation est un droit fondamental ainsi qu’un bien public et doit donc rester du ressort des gouvernements à qui il incombe de financer adéquatement les systèmes éducatifs. Ainsi, il conviendrait plutôt d’encourager les États membres à garantir des fonds suffisant pour le financement de l’éducation, notamment en luttant contre les paradis fiscaux, l’évasion fiscale des entreprises, et en appliquant des taxes sur les transactions financières. Les syndicats d’enseignants en Europe et partout ailleurs continueront à lutter pour une éducation publique de qualité pour tous et à mettre en garde contre les grands risques encourus en termes d’accès à l’éducation, d’équité et de qualité si les gouvernements venaient à s’associer à des secteurs privés en vue de financer l’éducation.