Résultats d’une enquête du CSEE sur les PECO: privatisation croissante dans l’éducation

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À l’occasion de la Table ronde des PECO, qui s’est tenue à Bucarest du 19 au 21 octobre 2015, le CSEE a présenté les résultats d’une enquête intitulée « Financement de l’éducation, conditions de travail des enseignants, dialogue social et droits syndicaux dans les PECO : situation actuelle ». Cette étude a été menée par le CSEE entre avril et juin 2015. Y ont participé 36 organisations membres du CSEE issues de 10 États membres de l’Union européenne en Europe centrale et orientale et de 17 pays non membres de l’UE dans la même région. Par ailleurs, tous les niveaux de l’éducation y sont représentés : préprimaire, primaire, secondaire inférieur et supérieur, EFP ainsi qu’enseignement supérieur et recherche.

L’enquête a révélé que, depuis 2008, la part du Produit intérieur brut (PIB) investie dans l’éducation avait subi des réductions dans de nombreux pays. En outre, en raison des crises économique et financière, le PIB a lui-même diminué dans presque tous les pays, entrainant une baisse en termes réels des investissements dans l’éducation. Récemment, en raison d’une reprise économique – toujours fragile –, nos organisations membres nous ont informé que le financement de l’éducation avait connu un léger regain dans plusieurs pays (Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Hongrie, Kazakhstan, Malte, Ukraine, Tadjikistan). Cependant, nous restons loin des financements d’avant-crise. Dans quasi tous les pays répondants, les réformes éducatives sont étroitement liées au financement de l’éducation et se sont multipliées dans un effort d'assainissement des finances publiques. Selon plus de la moitié des organisations interrogées, lorsque les réformes ont été mises en œuvre, elles ont favorisé la privatisation.

L’intensification de la privatisation a lieu principalement dans l’enseignement de la petite enfance et dans l’enseignement supérieur, suivis par l’enseignement secondaire général, les écoles primaires et l’EFP. Les établissements d’enseignement privés, privés subventionnés et publics confessionnels sont les trois genres les plus répandus dans la région. Selon la majorité des répondants, les établissements d’enseignement privés sont des établissements à but lucratif. Enfin, 37% des organisations ayant pris part à l’étude sont conscients de la présence, dans leurs pays respectifs, d’entreprises internationnales/de consultants internationaux influant sur les politiques éducatives, le matériel éducatif et/ou l’enseignement.

D’après 60% des répondants, au vu de la baisse des salaires et de la détérioration des conditions de travail, le recrutement et la rétention des enseignants reste le plus grand enjeu, suivi par l’émergence d’organisations parallèles prétendant représenter les enseignants, ainsi que par l’évaluation et le développement professionnel continu des enseignants (38%). Un tiers des répondants nous informe également qu’après de nombreuses années de réductions et de gel, les salaires commençaient peu à peu à augmenter à nouveau. Ces augmentations se produisent surtout dans les pays ou la rémunération des enseignants est inférieure au salaire moyen d’un employé. Tous les pays représentés dans l’étude nous informent que les contrats à court terme sont une réalité pour les enseignants (en moyenne, entre 15 et 35% des enseignants sont concernés).

Tous les pays interrogés, exception faite de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Turquie, font état d’un dialogue social institutionnalisé et structuré dans leur pays, principalement avec les pouvoirs publics/ le niveau ministériel. Toutefois, des efforts sont à fournir afin de le rendre plus efficace. En effet, les organisations syndicales ont remarqué que les gouvernements avaient tendance à consulter les syndicats d’enseignants sans jamais réellement prendre en considération leurs positions. Martin Rømer, Directeur européen du CSEE a souligné que «  la préoccupation principale des syndicats d’enseignants est l’absence d’un dialogue social efficace sur les questions concernant les droits et les conditions de travail du personnel de l’éducation, mais également sur les réformes éducatives ». Par ailleurs, il a insisté sur le fait que le CSEE continuait à soutenir le processus de renforcement des capacités du dialogue social et des négociations collectives, et à promouvoir l’échange de pratiques fructueuses, d’expériences et d’informations entre les pays partageant un patrimoine historique commun, par le biais du Réseau PECO du CSEE (CEENET). Toutes les organisations membres semblent vouloir poursuivre dans cette voie.

Lire le rapport de l’étude (disponible en anglais uniquement)