Nous vous présentons votre déléguée de... Lituanie !

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La déléguée lituanienne pour le DSSEE est Tatjana Babrauskiene, Secrétaire internationale de la FLESTU (Fédération des syndicats lituaniens de l’éducation et des sciences).

Expliquez-nous qui vous êtes et à quoi ressemble l’une de vos journées de travail typique au quotidien !

Lorsqu’il s’agit de mes journées de travail, je pense que le terme « typique » est mal choisi : mes journées sont rarement identiques ! Travailler au niveau international est synonyme de nombreux déplacements à l’étranger et d’une multitude d’activités diversifiées qui font que chaque jour est différent. Je commence souvent mon travail dans un autre pays ou à bord d’un avion, où j’ai l’occasion de parcourir les documents se rapportant à la réunion suivante.

Au cours d’une semaine typique en Lituanie, l’une de mes principales tâches consiste à évaluer les avancées de notre syndicat dans les opérations quotidiennes au niveau national, ainsi que la progression des projets internationaux auxquels nous participons. En premier lieu, à mon retour au bureau, j’aime aller à la rencontre de mes collègues pour discuter de nos priorités et résoudre les problèmes survenus durant mon absence. Lors de la réunion de la semaine dernière, par exemple, nous avions constaté un léger retard dans un projet à long terme. En équipe, nous nous sommes occupés des tâches les plus urgentes et avons élaboré une nouvelle stratégie pour accroître notre efficacité.

Au cours d’une journée de travail typique, nous planifions également le lancement des programmes de formation que nous offrons, à l’image de l’atelier adressé aux enseignants en charge de l’éducation des adultes que nous avons organisé la semaine dernière, consacré à la mise en place d’un système d’évaluation collégiale des méthodes de contrôle de l’assurance qualité au sein de leurs institutions. Par ailleurs, je suis tenue de participer à toute une série de réunions comme le Conseil national, où je représente les organisations syndicales. Ces réunions se déroulent généralement lorsque je suis dans le pays.

A la fin de chaque semaine, je m’assure d’avoir bouclé toute la communication hebdomadaire par e-mail. En toute honnêteté, j’ai quelquefois du mal à gérer cette charge de travail vu le grand nombre de demandes de participation à des études et le volume important de questionnaires qui me sont soumis, sans compter les autres types de correspondance, qui me prennent tout autant de temps. Enfin, je prépare une liste des choses à faire pour la semaine suivante.

En général, je m’efforce de planifier mon temps de travail. Je pense que cela m’évite de perdre du temps à des broutilles et de devoir tout faire en même temps. En ma qualité de syndicaliste, je sais que je ne devrais pas travailler le dimanche. Toutefois, je dois vous avouer que c’est quasiment impossible pour moi, à moins de me déconnecter complètement d’Internet et de m’éloigner de la génération iPad.

Une chose que j’aime dans mon travail, c’est que chaque jour m’offre son lot de diversité. Je ne connais pas la routine et j’ai la grande chance de côtoyer une multitude de gens intéressants. Par ailleurs, il s’agit d’un travail particulièrement difficile et exigeant.

Depuis combien de temps êtes-vous impliquée dans le dialogue social au niveau national et européen ?

Je participe au dialogue social en Lituanie depuis 2014. J’ai rejoint le mouvement syndical au niveau européen à peu près à la même époque, lorsque nous sommes devenus un Etat membre de l’Union européenne, le 1er mai 2004. J’ai été désignée déléguée lituanienne pour le Dialogue social sectoriel européen pour l’éducation, lors de sa création en 2010.

Quelle est la situation actuelle du dialogue social dans le secteur de l’éducation en Lituanie ?

Je la qualifierais de « tumultueuse ». Lorsque, au bout d’une négociation, vous parvenez à obtenir des résultats satisfaisants, vous ne savez jamais si vous pouvez baisser momentanément la garde ou si vous devez vous attendre à ce que le gouvernement dresse des obstacles à l’application efficace de l’accord. De plus, à chaque nouveau gouvernement, nous sommes contraints de relancer les mêmes combats - si ce dernier refuse de reconnaître les conventions existantes.

Globalement, il est difficile de mener efficacement un dialogue social dans un pays sans véritables traditions et où le taux de syndicalisation reste peu important. Au sein du secteur de l’éducation, notre syndicat est l’un des plus importants et plus puissants de Lituanie. Environ 99 % des grèves menées au cours de ces dernières années ont été lancées par des établissements scolaires.

Quels sont les principaux enjeux pour la FLETSU ?

Nous mettons clairement l’accent sur une augmentation du salaire des enseignants. Actuellement fixé à 644,1 € brut par mois, soit 503,2 € net, le salaire de nos enseignants compte parmi les moins élevés d’Europe, et ils sont nombreux (30 %) à avoir été engagés sous contrat à temps partiel.  En avril, un accord a été conclu, prévoyant une augmentation du salaire des éducateurs de l’enseignement général et des enseignants récemment diplômés. L’accord prévoyait également une augmentation du fonds d’indemnisation pour les enseignants retraités. Nous sommes actuellement entrés dans le deuxième cycle des négociations visant à apporter de nouvelles améliorations au système éducatif.

Un autre enjeu important pour nous concerne la possibilité de fusionner les trois syndicats nationaux de l’éducation en une seule organisation.

Quelles sont les opportunités potentielles que vous offre la participation au DSSEE dans le cadre de votre travail en Lituanie et vice versa ?

La participation au DSSEE m’a principalement permis d’envisager le dialogue social et tous les processus du secteur de l’éducation dans une perspective holistique. Je pense que le DSSEE permet d’entretenir un lien permanent avec les stratégies européennes au-delà de la dimension nationale d’un Etat membre. Il agit à tous les échelons de la mise en œuvre des politiques éducatives et englobe à la fois le niveau européen, national, régional et local. Nous pouvons tous en tirer des bénéfices.

Personnellement, j’espère que les employeurs lituaniens de l’éducation, c’est-à-dire le gouvernement ou ses institutions déléguées (en l’occurrence, le ministère de l’Education et des Sciences) comprendront rapidement que le dialogue social européen est, lui aussi, important Mais nous regrettons, hélas, que les employeurs lituaniens de l’éducation ne participent pas encore au DSSEE.

S’agissant du tout nouveau programme de travail du DSSEE pour 2016-2017, quels sont les volets prioritaires pour les membres de la FLESTU et pourquoi ?

La principale priorité pour la FLESTU est d’assurer le bon fonctionnement de cet instrument clé qu’est le dialogue social. Raison pour laquelle, au vu de la situation en Lituanie, nous considérons la promotion du dialogue social comme étant une thématique centrale.

Le projet de loi préparé dans le cadre du modèle social, axé spécifiquement sur un projet de code du travail, est actuellement sur la table du Parlement. Le nouveau modèle social porte gravement atteinte au dialogue social. Il vise à modifier radicalement les dispositions légales régissant les relations de travail et les affaires sociales, ce qui entraînera un effritement considérable des acquis sociaux des employés. Sans compter ses effets négatifs sur les conditions de travail et l’évolution du dialogue social lui-même.

En conclusion, quelles sont les caractéristiques d’un dialogue efficace ?

L’égalité entre les partenaires sociaux d’une part, mais aussi la confiance, bien entendu. La confiance est importante lorsqu’il s’agit d’atteindre des objectifs généraux, allant au-delà des individus et des intérêts personnels. Les partenaires sociaux doivent s’engager sur un pied d’égalité et avoir la volonté de travailler ensemble pour atteindre des objectifs de travail communs, définis en concertation.