Un nouvel essor pour l’investissement dans l’éducation ? Un nouveau rapport d’Eurydice le confirme

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En janvier 2016, Eurydice a publié un rapport faisant état des investissements dans l’éducation partout en Europe. Ce rapport intitulé « Fiches nationales sur les budgets de l’éducation en Europe » et couvrant les années 2014 et 2015, analyse les budgets de l’éducation au sein de 38 pays européens en tenant compte de tous les types de financements publics, y compris les financements publics dans l’enseignement privé ainsi que les aides financières aux familles et aux élèves/étudiants.En Europe, les financements publics représentent 90% des investissements dans l’éducation et subit vraisemblablement des pressions en raison des mesures d’austérité/ d'assainissement budgétaire dans le cadre du Semestre européen de gouvernance et de coordination économique. Par ailleurs, le rapport prend uniquement en considération les dépenses annuelles ou pluriannuelles prévues, et non les dépenses réelles qui peuvent, en tout état de cause, différer sensiblement des dépenses prévues.

En 2015, selon le rapport, les investissements dans l’éducation ont augmenté de plus de 5% par rapport à 2014 en Espagne (+5,3%), en Lettonie (+7,3%), en Hongrie (+7,3%), en Suède (+7,5%), en République slovaque (+8,5%), à Malte (+9,9%), en Roumanie (+16,1%), et de 1 à 5% en France (+1,8%), en Irlande (+2,2%), aux Pays-Bas (+2,9%), en République tchèque (+3,4%), en Croatie (+3,9%), en Pologne (+4,5%), au Luxembourg (+4,6%)  ainsi qu’en Estonie (+4,6%). Les budgets de l’éducation sont restés stables (augmentation/baisse inférieure à 1%) dans les communautés francophone et flamande de Belgique, en Bulgarie, en Italie, en Lituanie, en Finlande, en Angleterre et en Autriche. Enfin, on constate encore une baisse dans les financements en Slovénie (-6,5%), en Grèce (-6,2%), en Irlande du Nord (-5,6%) ainsi que dans la Communauté germanophone de Belgique (-2,3%).

Le CSEE se réjouit de constater que les investissements dans l’éducation augmentent à nouveau, mais souligne néanmoins que les financements restent largement inférieurs aux niveaux d’avant crise. En effet, depuis le début de la crise, la grande majorité des états européens ont entrepris des restrictions budgétaires peu prévoyantes dans le but de réduire les dépenses publiques et, par extension, la dette publique. Ce faisant, il ont porté préjudice à l’éducation de qualité, au salaire, aux conditions de travail et au développement professionnel des enseignants et travailleurs de l’éducation, favorisant, en outre, la multiplication des contrats précaires pour ces derniers. Ainsi, les informations fournies dans le rapport Eurydice indiquent que les pays ayant récemment augmenté leurs investissements dans l’éducation sont aussi, pour la plupart, les pays ayant imposé les coupes claires les plus importantes depuis le début de la crise, en 2008 - notamment l’Espagne, la Roumanie, la Hongrie, la Lettonie, etc. En revanche, dans des pays tels que la Slovénie et la Grèce, les dépenses publiques continuent de baisser, entravant davantage encore l’accès à une éducation libre pour tous.

Sur la base des informations fournies par le rapport Eurydice, Martin Rømer, Directeur européen du CSEE, a souligné qu’il était essentiel que les gouvernements impliquent davantage les syndicats d’enseignants, en tant que partenaires sociaux, dans l’élaboration ainsi que la mise en œuvre des budgets de l’éducation et des réformes politiques dans le cadre de la coordination du Semestre européen. « Les syndicats d’enseignants ont un rôle crucial à jouer dans la transparence et l’efficacité de l’utilisation des ressources financières, tous niveaux de l’enseignement confondus », a-t-il conclu.