Nous présentons votre délégué de..... Malte.

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Le délégué du DSSEE de Malte est Kevin Bonello, Président de MUT (Malta Union of Teachers)

Kevin, veuillez s’il vous plait nous en dire un peu plus sur vous et nous décrire une journée habituelle de travail !

Je ne sais pas exactement comment décrire ma journée de travail habituelle, mais pour quelqu’un de l’extérieur cela doit surement ressembler au chaos. La journée au bureau commence vers 8h30, et se base,  sur ce que j’ai appris à admettre comme faisant partie intégrale de la vie de président d’un syndicat: le phénomène des interruptions. La première chose que je fais (que j’essaye de faire) habituellement est de répondre à mes e-mails. Les e-mails sont nombreux. Nous n’avons pas de responsables régionaux qui peuvent résoudre les problèmes dans les écoles au niveau local, le sujet des e-mails varient, cela traite parfois de questions mineures, comme la plainte de membres auprès d’un collègue qui ne veut pas aider lors des journées sportives car elle est en surpoids (véridique), à des emails beaucoup plus sérieux traitant des enjeux politiques ou encore des échanges avec le gouvernement. Dans les rares occasions où il n’y a pas d’interruptions, cela me prend environ deux heures pour me libérer des e-mails.  En réalité, cela veut dire que j’y réponds le plus souvent après 17h30 et même plus tard.

En effet, une fois que je suis assis sur ma chaise de bureau il semble que tous les membres du pays reçoivent une alerte sur leurs téléphones, parce que soudainement je suis submergé par leurs appels. Très souvent, j’ai deux lignes téléphoniques à gérer en plus de mon téléphone portable. Dans la majorité des cas, il me faudrait littéralement fermer les yeux et essayer d’écouter la personne à l’autre bout du fil pour essayer de comprendre ce que l’on me dit dès le début et gagner du temps. Une grande partie des personnes qui appellent semblent penser que je devrais me souvenir de leur cas dont ils m’ont fait part quelques semaines auparavant.. ou que je sais nécessairement ce qui se passe dans leur école.

Pendant que je réponds au e-mails et aux nombreux appels, je dois aussi penser aux prochaines réunions, dont certaines sont cruciales pour parvenir à un accord sur des enjeux importants. Les réunions nous prennent beaucoup de temps, pour mes collègues et moi-même,  et les sujets varient indéniablement. Parfois nous discutons des enjeux cruciaux au niveau national, parfois nous discutons de cas plus tristes comme l’état d’un de nos membre en phase terminale de sa maladie, parfois nous avons des réunions de négociations dont dépendent des milliers de membres, enfin, vous voyez ce que je veux dire, nous faisons à peu près tout.

Le mieux est quand je dois participer à d’importantes réunions à l’étranger, j’ai la particularité de m’envoyer des mails sur une adresse personnelle, avec les documents concernés, de les enregistrer, puis d’essayer de les lire dans l’avion. Je reconnais que cette pratique n’est pas très adéquate, mais cela me permet de faire en sorte que ces e-mails ne se perdent pas dans un océan d’autres emails, et en même temps, cela facilite les choses quand il faut les récupérer quand il n’y a pas de connexion internet. Mon rêve c’est d’avoir un département de recherche d’emails qui me donnerait les détails dont j’ai besoin et qui me les transmettrait juste avant les réunions, ce qui me ferait gagner des heures, il est permis de rêver !

Régulièrement, nous visitons également les lieux de travail, c’est l’une de mes priorités. Parfois, nous sommes confrontés à une salle de professeurs remplie de personnes en colère, agacées par les erreurs administratives ou les erreurs du syndicat sur certains sujets. Et parfois nous sommes devant des personnes solidaires qui apprécient le travail que nous essayons de fournir. Néanmoins, ces visites me permettent de connaître les souhaits et le ressenti des membres, et cela à beaucoup plus de valeur qu’une recherche statistique, qui dans tous les cas ne pourrait être menée à bien au vue de notre manque de ressources.

J’ai de la chance de bénéficier d’un important soutien du vice-président, qui a eu la  lourde tâche de mettre en œuvre toutes les décisions concernant les locaux du syndicat, le déménagement vers un nouveau bâtiment, notre infrastructure informatique, et bien d’autres choses importantes qui au sein d’autres  syndicats européens sont effectués par toute une légion de personnes. J’ai également beaucoup de chance d’être entouré par un Secrétaire général qui ne rechigne pas à la tâche, un Vice-président et un excellent secrétariat, qui certes ne sont pas nombreux, mais qui sont extrêmement motivés et d’un grand dévouement.

Une chose importante pendant une journée typique c’est la pause déjeuner. Quand je suis au bureau, je me force à sortir aux environs de 13h, je prends quelques collègues avec moi, et nous allons pendant un cours instant, reposer nos cerveaux et satisfaire les besoins de nos estomacs. Dans ces moments, j’essaye d’ignorer mon téléphone, mais ce n’est pas toujours possible.

Voilà un petit aperçu de ma vie au travail. Et si vous avez des dirigeants syndicaux qui souhaiteraient observer ce qu’un syndicat fait dans une demi-douzaine de bureaux, nous serions heureux d’accueillir des observateurs !

Depuis combien de temps êtes-vous impliqués dans le dialogue social au niveau national et européen ?

Je suis impliqué dans le dialogue social à Malte depuis 2005 et au niveau européen depuis 2011.

Quelle est la situation actuelle du dialogue social pour l’éducation à Malte ?

La situation est bonne en ce qui concerne le dialogue, bien que cela ne reflète pas nécessairement quand il s’agit de la concrétisation. Nous avons un fort pourcentage d’adhésion syndicale et cela nous donne la force et le courage de continuer à faire ce travail difficile. Ce fort pourcentage nous donne aussi de la crédibilité dans les négociations et une certaine marge de manœuvre.

Quelles sont les principaux enjeux pour MUT ?

Peut-être que le plus gros problème que nous avons à l’heure actuelle c’est d’essayer de suivre tous les projets que nous avons. Nous représentons les éducateurs dans tous les secteurs de l’éducation, ce qui représente une tâche très ardue. De plus, l’échec général du système utilisé pendant des décennies a besoin d’une grande réorganisation et nous nous préparons à une vaste réforme de l’éducation qui va intégralement changer les méthodes d’enseignements utilisées, et toute l’approche pédagogique dans les écoles.

Quelles opportunités votre engagement au sein du DSSEE a-t-il offert dans votre travail au niveau national et vice-versa ?

Le DSSEE nous donne une opportunité de comprendre ce qui ce passe dans les autres pays, de partager et d’apprendre les bonnes pratiques de nos collègues. De plus, cela nous permet également d’avoir un aperçu des pressions exercées par les employeurs à travers l’Europe.

En ce qui concerne le tout nouveau programme de travail du DSSEE 2016/17, quels sujets sont les plus à cœur des préoccupations des membres de votre organisation, et pourquoi ?

C’est une question délicate. Je crois fortement que la nécessité de mener des recherches devrait être prioritaire sur tous les agendas. Le manque de recherche, en plus du manque de ressources pour ce qui nous concerne, nous pousse parfois à prendre des décisions et à formuler des directives sur la base d’informations qui ne sont pas toujours vérifiées ou mêmes avérées. Ce qui nous met dans une situation désavantageuse, à la fois dans le dialogue social, mais aussi dans l’aide apportée aux écoles qui en ont le plus besoin.

En un mot : Qu’est ce qui fait un bon dialogue ?

  • Une forte adhésion syndicale dont les membres sont bien informés du travail entreprit. Une forte adhésion rend le syndicat crédible et capable de mener des actions en cas de besoin.
  • Penser ! Le dialogue social et la négociation c’est comme les échecs. Chaque syndicaliste sérieux doit être en mesure de prédire les résultats de toute discussion, bien avant que la discussion ne commence.
  • Avoir une approche de partenariat et non une approche d’opposition.  Les syndicats doivent aboutir à un ordre du jour coopératif,  tout en défendant fermement et en améliorant éventuellement les droits des travailleurs. Démarrer un dialogue sur la défensive ou avec agressivité jouera forcément contre vous. Il faut toujours laisser une porte entrouverte.
  • Un syndicat sans aucun lien avec les partis politiques est beaucoup plus crédible et en mesure d’accomplir beaucoup plus que les syndicats ayant des liens avec les partis politiques. Un syndicat doit être en mesure  de se mettre dans une position où il peut louer les bonnes décisions d’un gouvernement, tout en pouvant également le critiquer pour leurs mauvaises décisions.