Bologne : Un oui nuancé plutôt qu’un non catégorique pour la Biélorussie

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Les 24 et 25 mars 2015, à l'occasion de sa réunion à Riga, le groupe de suivi de Bologne (BFUG) a émis la recommandation suivante : « La Biélorussie peut obtenir un accès conditionnel avec adhésion immédiate, pour autant que les autorités biélorusses acceptent la feuille de route du BFUG et qu'elles la mettent en œuvre dans les trois années à venir. » Selon le groupe de suivi, le fait que près d'un tiers des délégations ait voté contre l'adhésion immédiate dénote une inquiétude quant à la mise en œuvre des valeurs, objectifs et politiques de l'Espace européen de l'enseignement supérieur (EEES) en Biélorussie.

Le BFUG estime qu'accepter la feuille de route sera le meilleur moyen pour la Biélorussie de mettre fin à ces préoccupations. Dans le sillage de cette décision, le groupe de suivi a élaboré une feuille de route pour la réforme de l'enseignement supérieur en Biélorussie, conformément aux valeurs, principes et objectif de l'EEES. Cette feuille de route tient compte du Rapport national de la Biélorussie, du rapport du Comité indépendant de Bologne, des objectifs politiques principaux ainsi que des engagements tenus par tous les membres de l'EEES.

En vertu de cette feuille de route, les autorités biélorusses sont tenues de s'engager, entre autres : à mettre en œuvre un cadre national de qualifications qui soit compatible avec le cadre global de qualifications pour l'EEES ; à introduire un système à trois cycles sur le modèle de Bologne, prévoyant un premier degré de 180-240 crédits ECTS et la suppression du diplôme de bakalvr ( bachelier) de 5 ans ; à adapter la législation et la pratique afin qu'elles soient en phases avec les obligations de la Biélorussie en tant qu'État signataire de la Convention de Lisbonne ; à mettre sur pied un plan visant à la mise en œuvre du système ECTS conformément au Manuel de l'utilisateur de l'ECTS ; à établir un plan en vue de faciliter, améliorer et diversifier la mobilité internationale des travailleurs et des étudiants ; à réviser les conditions d'octroi d'une aide financière aux étudiants en vue d'assurer l'équité sociale ; à réévaluer les obligations des étudiants bénéficiant d'un aide financière publique pour leurs études ; à honorer les engagements des ministres lors de leur réunion à Erevan, conformément au Communiqué ministériel de Erevan ; adapter la législation nationale et prendre les mesures adéquate afin qu'y soient inclus les principes repris dans la Magna Charta Universitatum et dans les recommandations du Conseil de l'Europe sur la responsabilité publique pour la liberté universitaire et l'autonomie des établissements.

Aliaksandr Boika, Président du Syndicat de l'éducation et des sciences de Biélorussie a déclaré: « Des changements considérables se sont opérés au sein des institutions d'enseignement supérieur : les universités sont plus autonomes notamment en ce qui concerne la durée des voyages d'affaires en vue d'assister à des conférences et séminaires scientifiques à l'étranger. Cette décision n'est plus du ressort du Ministère biélorusse de l'éducation. En effet, cette question est régie par le nouveau concept de développement pour l'éducation en Biélorussie qui repose justement sur les principes du processus de Bologne. Par ailleurs, les universités sont encouragées à augmenter leur budget en ce qui concerne les stages et les voyages scientifiques ainsi qu'à participer plus activement aux programmes européens. Pour améliorer la qualité de l'éducation, les universités engagent et peuvent engager des professeurs issus d'autres universités. De plus, les étudiants étrangers ont la possibilité de poursuivre leurs études en anglais. Cela fait déjà deux ans que les cours des étudiants s'alignent progressivement sur le modèle ECTS, favorisant ainsi leur mobilité »

Le 11 mai 2015, le Ministère biélorusse de l'éducation a adressé une lettre au groupe de suivi de Bologne réaffirmant sa volonté et son engagement envers un dialogue productif et une étroite collaboration avec le groupe de travail en vue d'une élaboration conjointe d'une feuille de route et de sa mise en œuvre dans les trois années à venir.

Les 47 ministres de l' l'Espace européen de l'enseignement supérieur (EEES) – les « ministres de Bologne » - se sont réunis pour la première fois en trois ans en Arménie. Avec pour objectif de régionaliser davantage les systèmes européens d'enseignement supérieur, les ministres y signeront un Communiqué traitant de l'élaboration d'une feuille de route pour les années à venir. Selon le magazine "Times Higher Education" (THE), les ministres souhaitent discuter des adhésions potentielles de la Biélorussie et du Kosovo. En ce qui concerne la Biélorussie, un oui nuancé semble plus probable qu'un non catégorique. Bien entendu, cette décision dépendra avant tout du taux de participation des ministres de Bologne à cette réunion d'Erevan, qui déterminera la légitimité de ce processus politique

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