Fête du Travail 2020 – Célébrons les personnels de l’éducation et garantissons un investissement public dans une éducation de qualité pour tou·te·s !

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Le 1er mai 2020 sera une Journée internationale des travailleur·euse·s à inscrire dans les annales. Dans la majorité des pays d’Europe, les manifestations, marches et festivités habituelles du 1er mai, organisées pour rendre hommage aux travailleur·euse·s et à leurs combats, seront suspendues en raison de la pandémie de COVID-19.

Cette maladie ne provoque pas uniquement une crise sanitaire, mais aussi une crise sociale et économique. Nous pouvons constater aujourd’hui, sous de multiples aspects, le rôle crucial des travailleur·euse·s. Les personnels des secteurs de la santé et des services d’urgence, parmi lesquels un grand nombre d’enseignant·e·s et d’employé·e·s de l’éducation, sont sur le devant de la scène et les plus exposés aux risques majeurs. En cette période difficile et inédite, tou·te·s les travailleur·euse·s jouent leur rôle pour maintenir la cohésion de la société. A l’heure où les lieux de travail rouvrent leurs portes, les travailleur·euse·s demeurent encore et toujours les piliers fondamentaux sur lesquels s’édifient nos sociétés. Il·Elle·s nécessitent et méritent des conditions de travail décentes et des services publics hautement performants.

Le CSEE souhaite remercier tou·te·s les enseignant·e·s, les universitaires, les personnels de l’éducation et leurs syndicats pour leur travail acharné, leur engagement à enseigner à leurs étudiant·e·s et leur détermination à préparer ces jeunes à la vie, en particulier, en ces temps difficiles et exceptionnels. En cette situation d’urgence, les enseignant·e·s et les personnels de l’éducation travaillent avec motivation, investis d’un sens profond des responsabilités, pour offrir une éducation de qualité. Malgré les maigres ressources et le basculement soudain vers l’enseignement à distance, il·elle·s maintiennent le contact avec leurs étudiant·e·s, une relation qui reste au cœur de leur mission. Y compris en ces circonstances inédites, les employé·e·s de l’éducation mettent tout en œuvre pour défendre une éducation de qualité, raison pour laquelle chacun·e d’entre eux·elles mérite notre plus grande reconnaissance et notre plus profonde gratitude.

Le 1er mai ne rend pas uniquement hommage aux travailleur·euse·s pour ce qu’il·elle·s font, mais il commémore également leurs combats pour des conditions de travail décentes, une vie meilleure et des sociétés plus justes. Outre leur lutte pour obtenir une législation du travail, un système de protection sociale et le droit de former des syndicats et de participer à la négociation collective, il·elle·s se sont battu·e·s pour obtenir des droits pour eux·elles-mêmes et les autres, modifiant ainsi les rapports de pouvoir. Les riches et les puissant·e·s de ce monde ne sont plus les seul·e·s à écrire l’histoire de l’humanité. La Fête du Travail est toujours porteuse en elle de cette double signification : célébrer les travailleur·euse·s, mais aussi se demander si leur traitement est celui qu’il·elle·s méritent et si leurs contributions sont récompensées. Les employé·e·s de l’éducation et leurs syndicats s’efforcent chaque jour de rencontrer ce double objectif. Il n’est pas nouveau de voir les employé·e·s de l’éducation s’unir dans la lutte pour un accès égalitaire à l’éducation de qualité, pilier fondamental de la démocratie et de la justice sociale. L’éducation de qualité pour tou·te·s joue un rôle égalisateur et émancipateur.

Au cours de ces dernières années, l’austérité et les idéologies néolibérales ont fait beaucoup de tort aux services publics, à l’éducation, aux systèmes de protection sociale, à la négociation collective et au dialogue social. Les syndicats de l’enseignement se sont opposés aux tentatives d’éroder les services publics et de les livrer au marché. Ils ont défendu les institutions de la démocratie et résisté au discours dominant qui discrédite les aspirations sociales et les actions collectives au profit de l’individualisme et des ambitions personnelles. La pandémie de Covid-19 révèle aujourd’hui les dommages causés par les modèles néolibéraux au cours de ces dix dernières années. Cette crise laisse apparaître les conséquences d’un culte démesuré voué aux marchés, ainsi que l’impact des mesures d’austérité appliquées aux dépenses publiques et de la crise économique qui a frappé le continent européen.

Face à l’urgence actuelle, les gouvernements européens investissent massivement pour assurer la santé de leurs populations, garantir une vie décente à leurs citoyen·ne·s durant le confinement et mettre en place des plans budgétaires pour relancer leurs économies. Tout le monde sait que, aujourd’hui, une stratégie fiscale inadéquate risquerait d’entraîner les pays dans une spirale de la récession durant de longues années, mais l’architecture de l’économie mondiale, et de la zone euro en particulier, pourrait laisser bon nombre de gouvernements européens sans défense face à une nouvelle crise de la dette. Si nous remettons sur la table nos vieilles recettes, le coût d’une nouvelle série de mesures d’austérité et de coupes budgétaires pour réduire la dette sera encore plus important en termes de répercussions économiques et de contrecoups politiques.

Dans son commentaire à propos du COVID-19 et de la Fête du 1er mai, Susan Flocken, directrice européenne du CSEE, a déclaré : « En ce jour, où nous célébrons la contribution inestimable des personnels de l’éducation et leurs luttes pour une société plus juste, il nous faut tirer les enseignements du passé. La question n’est pas de savoir si nous pouvons nous permettre d’avoir une éducation publique de qualité, mais plutôt si nous pouvons nous permettre de ne pas en avoir. Nous nécessitons un financement intégral basé sur les besoins publics, où chacun·e paie sa juste part et sans évasion fiscale, afin de pouvoir nous reconstruire après cette terrible catastrophe. Nous devons protéger le bien-être actuel et futur des travailleur·euse·s, des communautés et des sociétés. C’est là la voie à suivre si nous souhaitons garantir un accès égalitaire à une éducation de qualité pour tou·te·s les étudiant·e·s, considérée comme un droit humain et un bien public, quelle que soit leur situation socio-économique.

Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront le monde dans lequel nous vivrons demain. Les syndicats de l’enseignement sont prêts, eux aussi, à contribuer à l’écriture du prochain chapitre de l’histoire de l’Europe. Un chapitre où solidarité et progrès seraient les étendards d’une Europe plus juste, plus sociale et plus démocratique. »