Le droit à une éducation inclusive de qualité et l’investissement public durable doivent être au centre de l’Espace européen de l’éducation 2025

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Le 3 novembre dernier, le Bureau du CSEE a adopté un document de prise de position, reflétant la réaction de 132 syndicats de l’enseignement, répartis dans 51 pays, à la dernière Communication de la Commission européenne relative à la création de l’Espace européen de l’éducation à l’horizon 2025. Cette nouvelle communication de la Commission européenne présente une série d’idées pour la transition écologique et numérique des établissements scolaires, ainsi que de nouveaux indicateurs et critères devant être atteints par chaque Etat membre de l’UE d’ici 2025. Une recommandation du Conseil des ministres de l’Education à ce sujet doit être adoptée le 30 novembre prochain.

La position du CSEE souligne que l’Espace européen de l’éducation (EEE) ne doit pas avoir pour unique objectif de répondre aux demandes du marché du travail. L’enseignement des compétences clés, en particulier les compétences transversales en matière de citoyenneté et les compétences sociales, est un facteur important pour assurer la cohésion sociale, protéger les valeurs démocratiques et combattre le radicalisme. Les indicateurs et les critères pour l’éducation et la formation futures doivent être basés sur des données fiables, reflétant l’impact de la crise de la Covid-19 sur l’éducation.

Les syndicats de l’enseignement regrettent que cette communication ne propose aucune initiative concrète pour la mise en œuvre du Socle européen des droits sociaux, en vue de garantir à l’ensemble des élèves et du personnel enseignant un accès égalitaire à une formation inclusive de qualité. Le CSEE demande de respecter les compétences nationales des Etats membres de l’UE en matière d’éducation et s’oppose à toute tentative d’harmoniser les systèmes éducatifs au travers de propositions telles que la reconnaissance mutuelle « automatique » des certifications, laissant supposer que l’Espace européen de l’éducation serait un système éducatif homogénéisé pour toute l’Europe.

L’EEE devrait offrir de meilleures opportunités de carrière, une plus grande sécurité d’emploi et une protection sociale renforcée, ainsi que des salaires décents dont le montant dans chaque pays serait équivalent à celui accordé aux autres employé·e·s diplômé·e·s du secteur tertiaire. Il s’agit notamment de définir la durée du temps de travail des enseignant·e·s conformément aux conventions collectives, afin de diminuer le volume inacceptable de leurs heures de travail (les heures d’enseignement effectives et celles consacrées à d’autres tâches comme l’administration, la consultation, la préparation et la recherche), notamment dans un contexte où la numérisation ne cesse de se développer au sein de la profession enseignante. Nous attendons une participation active des partenaires sociaux de l’éducation européens et nationaux à toutes les étapes de la définition, de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques éducatives, ainsi qu’un renforcement du rôle du dialogue social avec les syndicats de l’enseignement.

Le CSEE réclame une augmentation des investissements publics dans l’éducation, notamment dans le cadre de l’instrument « Next Generation EU » et des prochains plans de relance de l’UE, en vue de mettre en place des systèmes éducatifs bénéficiant de ressources suffisantes et basés sur la valeur des services publics et la gouvernance démocratique, face aux politiques de rentabilité et d’assainissement budgétaire, au développement de la privatisation et aux exigences en termes de performance éducative.

Il convient de respecter l’importance des qualifications complètes et de l’éducation holistique. Le CSEE demande à la Commission européenne de cesser de proposer aux pays d’étendre les micro-certifications aux systèmes d’éducation formels, risquant de remplacer les qualifications complètes, dans la mesure où celles-ci auront une incidence négative sur la liberté académique et l’investissement public à long terme dans l’enseignement supérieur, sur l’accès à des emplois et des salaires équitables, ainsi que sur les carrières professionnelles des diplômé·e·s, l’éducation inclusive et l’égalité des chances au sein de l’éducation et du marché du travail.

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