L’éducation à la croisée des chemins : mettre le bien public avant le profit
par Jelmer Evers, Directeur du CSEE
Un dialogue animé au Comité Exécutif CES-CSEE
Aujourd’hui s’est tenu le Comité Exécutif de la CES, et la Vice-Présidente Roxana Minzatu a participé à un dialogue animé avec le mouvement syndical.
J’ai présenté les préoccupations de notre Comité Syndical Européen de l’Éducation (CSEE) concernant les politiques éducatives de l’UE. Nous sommes extrêmement inquiets de la domination de la perspective économique et de compétitivité dans l’éducation générale et l’Union des compétences. Nous la retrouvons dans le discours, la gouvernance et le contenu de l’EEA, de l’ERA, de l’Union des compétences et des politiques européennes en général. Et cela s’est confirmé lors des deux grands sommets éducatifs organisés par la Commission cette année :
Forum des parties prenantes de l’éducation numérique 2025 – dominé par les grandes entreprises technologiques, sans aucune représentation des enseignants et des travailleurs.
Sommet de l’éducation 2025 la semaine dernière – dominé par les perspectives économiques.
Pourquoi c’est important
Oui, il est urgent que les économies européennes deviennent plus compétitives et, bien sûr, l’éducation prépare aussi au monde du travail. Mais nous avons connu de nombreuses réformes éducatives et curriculaires étroites, centrées sur l’économie, qui se sont révélées néfastes. Elles sont également responsables de la baisse des résultats scolaires et de la diminution de l’attractivité de la profession enseignante.
L’éducation sert l’ensemble de la société et doit contribuer à former des individus capables de comprendre le monde et d’exercer une citoyenneté active.
Considérer l’enseignement comme une profession
Tous les responsables politiques soulignent l’importance de la profession enseignante, mais dans de nombreux pays européens et au niveau de l’UE, nous ne sommes pas traités comme une profession.
Une profession se définit par :
Une autonomie professionnelle substantielle à tous les niveaux
Un rôle fondamental dans la définition et la mise en œuvre de ses propres normes, pratiques (en classe), formation des enseignants, recherche et développement professionnel
En août, l’UNESCO a adopté le consensus de Santiago : « Établir des mécanismes permanents, inclusifs et transparents de dialogue social entre les gouvernements et les représentants élus démocratiquement des enseignants, y compris les syndicats, afin de promouvoir un processus décisionnel participatif et constructif à toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques. »
Cela devrait être un principe fondamental de conception des politiques éducatives de l’UE, et des politiques éducatives dans tous les pays européens. Traiter réellement l’enseignement comme une profession serait la véritable révolution éducative dont l’Europe a besoin.
Un appel à une collaboration réelle
La Vice-Présidente Minzatu a répondu avec passion qu’elle souhaite agir ensemble et voir l’éducation au cœur de toutes les conversations politiques en Europe. Les Premiers ministres, tout le monde devrait en faire une priorité absolue. Les places d’Europe et de Bruxelles devraient être remplies de personnes défendant une éducation de qualité pour tous.
La Vice-Présidente Minzatu pourra compter sur notre soutien total pour construire le meilleur système éducatif que nos élèves et nos sociétés méritent. Mais cela doit reposer sur une véritable collaboration où l’éducation en tant que bien public, ainsi que les perspectives des enseignants et des travailleurs, sont des points de départ fondamentaux pour façonner la politique éducative européenne.