Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes : les syndicats de l’éducation comme leviers du changement
par Lies Van Rompaey, Chair of the ETUCE Status of Women Committee
Depuis 1999, le 25 novembre marque, à l’échelle mondiale, la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Plus de 25 ans après la proclamation de cette journée par l’ONU, il reste plus nécessaire que jamais de continuer à attirer l’attention sur cette problématique. Selon des recherches de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’une femme européenne sur trois, âgée de 15 à 49 ans, a été victime de violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire — un chiffre alarmant. Même sur le lieu de travail et dans l’éducation, les comportements sexistes transgressifs demeurent un problème persistant. La violence à l’égard des femmes n’est pas seulement une violation des droits humains ; elle a également un impact dévastateur sur le bien-être, la santé et les carrières professionnelles.
Les établissements éducatifs ne sont pas seulement des lieux où victimes et auteurs peuvent être présents, mais aussi des acteurs clés dans la lutte contre les violences fondées sur le genre. En tant que syndicats de l’éducation, nous avons un rôle particulier à jouer. Nous devons oser prendre la parole, rendre la violence visible et donner à nos membres et militants les moyens d’assumer ce rôle dans leurs écoles. Les comportements transgressifs liés au genre doivent pouvoir être discutés dans nos établissements, dans les salles des professeurs et dans les classes.
Selon le rapport de l’OMS, les services de soutien en Europe sont « absolument inadéquats » pour protéger les femmes et les filles contre les violences fondées sur le genre. La « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » constitue toutefois un instrument puissant pour traiter cette question. Signé en 2019 par 46 pays et l’Union européenne, ce traité — également connu sous le nom de Convention d’Istanbul — n’a un impact réel que lorsqu’il est mis en œuvre et appliqué au niveau national. Malheureusement, dans certains pays européens, on observe une tendance à revenir en arrière sur la protection des femmes, voire à instrumentaliser la question à des fins politiques. La Turquie a quitté la convention en 2021, et récemment, une majorité au parlement letton a voté en faveur du retrait. La décision appartient désormais au président letton. Il s’agit d’une tendance profondément inquiétante et d’un recul dans la lutte contre les violences fondées sur le genre.
La montée des partis et groupes d’extrême droite et ultraconservateurs complique notre combat. Ces groupes tentent, par exemple, de convaincre l’opinion publique que ce sont principalement les migrants qui commettent des violences contre les femmes. Rien n’est plus éloigné de la vérité. La plupart des violences sont commises par des personnes connues de la victime, au sein de la famille ou sur le lieu de travail, et principalement par des hommes de nationalité européenne. Nous ne devons pas tolérer que des groupes d’extrême droite instrumentalisent la lutte des femmes pour leurs campagnes racistes, comme l’a récemment souligné l’eurodéputée suédoise Abir Al-Sahlani.
Ce combat est trop important. Nous ne pouvons pas rester en marge. La solidarité et l’action collective sont nos armes les plus puissantes. Ensemble, nous devons intensifier la lutte contre les violences fondées sur le genre — dans les salles de classe, entre collègues, dans les collèges et universités, dans les académies et autres établissements éducatifs. Mais aussi au niveau national et européen, nous devons continuer à faire entendre nos voix. C’est à nous, syndicats et professionnels de l’éducation, de défendre les droits des femmes et des filles et de continuer à nous battre pour une mise en œuvre effective de la Convention d’Istanbul dans chaque pays.