L’investissement public dans l’éducation : une illusion d’optique

La Commission européenne a récemment publié le rapport« Investing in Education 2025 », basé sur des données couvrant la période 2019–2023.

Selon ce rapport, en 2023, les dépenses publiques consacrées à l’éducation dans l’UE représentaient 9,6 % des dépenses publiques totales, dont la majorité était destinée à l’enseignement scolaire (70 %) :

  • 35 % pour l’enseignement préprimaire et primaire,
  • 37 % pour l’enseignement secondaire,
  • 16 % pour l’enseignement supérieur.

Cependant, la part de l’investissement public dans l’éducation par rapport à l’investissement public total en 2023 reste bien en deçà des niveaux historiques (10,4 % en 2007) et même des chiffres d’avant la pandémie (10 % en 2019). De plus, lorsque l’on compare les dépenses publiques réelles aux dépenses nominales, la tendance apparaît encore moins encourageante.

Malgré cela, la Commission présente ces chiffres comme positifs, mettant en avant de « premiers signes de reprise » dans la part des dépenses publiques nationales consacrées à l’éducation. Mais s’agit-il vraiment de la lumière au bout du tunnel, ou d’un chant du cygne ?

Il convient de noter que les données s’arrêtent juste avant l’adoption de la réforme de la gouvernance économique de l’UE en 2024. La Commission affirme que l’initiative Union des compétences et le nouveau cadre de gouvernance créeront davantage d’opportunités pour un investissement de qualité dans l’éducation.

Pourtant, le CSEE et de nombreux chercheurs observent une réalité différente : la réforme comprime les dépenses publiques. Les parts d’investissement dans l’éducation peuvent sembler plus élevées, alors qu’en termes nominaux – et surtout réels – elles diminuent. Les perspectives pour l’investissement public dans l’éducation sont donc sombres, et les chiffres post-2024 devraient le confirmer.

Une autre question soulevée par le rapport : la tendance démographique défavorable en Europe

Selon le scénario de référence, la population de l’UE âgée de 3 à 18 ans diminuera de 3,5 % entre 2022 et 2030, soit environ 2,5 millions de personnes en moins.

La Commission suggère que ce déclin pourrait bénéficier aux systèmes éducatifs, car moins d’élèves pourraient atténuer la pénurie d’enseignants et permettre un investissement plus élevé par élève, des classes plus petites et de meilleurs services.

Cette vision optimiste ignore toutefois d’autres pressions :

  • Une population vieillissante augmentera la demande en pensions et en soins de santé, réduisant les ressources publiques disponibles pour l’éducation.
  • Une main-d’œuvre active plus réduite et une économie européenne moins productive signifieraient moins de ressources publiques globales pour financer les services publics.

Le CSEE reconnaît la nature analytique du rapport, mais reste profondément préoccupé par le récit de la Commission sur l’avenir de l’investissement public dans l’éducation.