Conférence du CSEE sur l’intelligence artificielle – Les syndicats de l’éducation façonnent l’avenir de nos systèmes éducatifs
Copenhague, 7–8 octobre 2025– La Conférence européenne du CSEE sur l’intelligence artificielle et l’éducation a réuni plus de 70 syndicalistes de l’éducation, chercheurs et experts venus de toute l’Europe. Organisée par le CSEE en collaboration avec le syndicat néerlandais de l’enseignement secondaire supérieur (GL) et accueillie par le syndicat danois de l’éducation de la petite enfance (BUPL), la conférence s’est tenue dans le cadre du projet du CSEE« Balancing AI in Education », cofinancé par l’Union européenne.

Mettre en contexte : de l’engouement à l’action
La conférence s’est ouverte sur un message clair : l’IA aura un impact disruptif sur l’éducation, mais la direction qu’elle prendra dépend des choix des éducateurs et de leurs syndicats. Les discours d’ouverture ont mis en lumière à la fois les opportunités et les risques que l’IA représente pour les personnels éducatifs, tout en présentant les réalisations du mouvement syndical et les défis à venir.
Au cœur des discussions figuraient les résultats préliminaires de l’enquête IA du CSEE, menée dans le cadre de l’étude de recherche du projet « Balancing AI in Education ». Présentée par Dr Tine Wirenfeldt Jensen (Université d’Aarhus) et Dr Charlotte Albrechtsen (Université du Sud du Danemark), expertes externes responsables de l’étude, l’enquête a offert un aperçu des expériences et perceptions actuelles des syndicats de l’éducation concernant l’impact de l’IA en Europe. Ces résultats ont suscité des débats animés et des ateliers collaboratifs, où les participants ont interprété les données et partagé leurs expériences nationales. Les conclusions alimenteront uneétude complète sur l’IA dans l’éducation, qui sera publiée par le CSEE en 2026.

De simples utilisateurs à acteurs influents
Un thème central : les syndicats doivent passer du rôle de récepteurs passifs des changements induits par l’IA à celui d’acteurs influents des politiques et pratiques. Des représentants syndicaux de Finlande, du Danemark, d’Irlande, de Géorgie, d’Estonie et des Pays-Bas ont partagé des stratégies pour influencer les lignes directrices et politiques sur l’IA, promouvoir la littératie numérique et garantir que les outils d’IA soutiennent réellement une éducation de qualité et des valeurs démocratiques.
Les groupes de travail ont relevé le défi de construire une stratégie commune de plaidoyer, d’identifier les lacunes des approches actuelles et de définir les besoins syndicaux pour l’avenir. Le message était clair : seule l’action collective et le dialogue social permettront de faire en sorte que l’IA serve les intérêts des éducateurs, des élèves et de la société.

Exploiter l’IA pour une éducation de qualité : focus sur l’enseignement supérieur et la recherche
La deuxième journée a débuté par une session parallèle consacrée à l’enseignement supérieur et à la recherche, avec des aperçus du livre à paraître conjointement par l’ETUI et le CSEE sur l’IA dans l’enseignement supérieur et la recherche. Les experts ont discuté de l’impact de l’IA sur le travail académique, la gouvernance et du rôle stratégique des syndicats pour préserver la liberté académique et l’intégrité scientifique.
Donner du pouvoir aux éducateurs : droits, organisation et négociation collective
Un axe majeur de la conférence : l’urgence pour les syndicats de s’organiser autour des enjeux liés à l’IA. Les sessions plénières et discussions ont montré comment les syndicats peuvent protéger et renforcer les droits des enseignants à mesure que l’IA transforme le secteur, en s’appuyant sur des exemples pratiques et des contextes historiques. Une présentation venue d’Allemagne a apporté des éclairages précieux sur la négociation collective concernant l’IA, tandis que d’autres contributions ont illustré des stratégies concrètes pour mobiliser les enseignants et renforcer la capacité syndicale. La conférence a également proposé des sessions dédiées à la protection des données et à la sécurité (ETUI) ainsi qu’à la propriété intellectuelle (EUIPO). Les groupes de travail ont identifié les pratiques actuelles et les priorités futures, notamment en matière de négociation collective, de confidentialité des données, de propriété intellectuelle et d’autonomie professionnelle.
La conférence s’est conclue par un appel fort à transformer ces discussions en stratégies concrètes, soulignant l’importance de la recherche, du plaidoyer et de l’engagement communautaire pour garantir que l’IA serve les intérêts des éducateurs et de la société.

Perspectives : prochaines étapes pour le CSEE et le mouvement syndical
La conférence de Copenhague n’était pas une fin, mais le début d’un processus de co-construction. Dans les mois à venir, les syndicats de l’éducation en Europe travailleront à l’élaboration de lignes directrices pratiques pour le plaidoyer et la négociation collective sur l’IA, grâce à une collaboration approfondie avec des experts syndicaux et à deux prochains ateliers de formation dans le cadre du projet Balancing AI in Education. Le réseau Engage, lancé lors de la conférence, sera également renforcé pour favoriser la collaboration et le partage de connaissances entre membres et parties prenantes. De plus, le CSEE lancera prochainement un appel pour créer un groupe d’experts sur l’IA et l’éducation, consolidant ainsi le réseau d’expertise syndicale dans ce domaine. Enfin, la publication du livre ETUI-CSEE sur l’IA dans l’enseignement supérieur et la recherche viendra enrichir ces travaux. La recherche, la formation et les activités communautaires se poursuivront à travers l’Europe, afin de garantir que la voix des éducateurs reste centrale dans la transformation de l’éducation par l’IA.