Action syndicale pour lutter contre la pénurie mondiale d’enseignant·e·s

Résolution de la Conférence du CSEE 2024

Le CSEE souligne ce qui suit :

1.La pénurie d’enseignant·e·s touche le monde entier, avec 44 millions d’enseignant·e·s supplémentaires nécessaires d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) pour l’éducation.

2.Presque tous les rapports par pays du rapport de suivi de l’éducation et de la formation 2023 font état d’une pénurie d’enseignant·e·s.

3.Cette pénurie d’enseignant·e·s en Europe aggrave souvent les problèmes au niveau mondial, car les gouvernements et les organisations tentent de combler les manques en recrutant dans des systèmes éducatifs déjà au bord de la rupture dans d’autres parties du monde, en particulier dans les pays en développement.

4.Si le facteur le plus significatif varie selon la situation de chaque pays, des améliorations en termes de salaires, de charge de travail, de statut et d’autonomie professionnels sont nécessaires dans tous les pays pour affronter la crise de recrutement et de rétention qui touche toutes les régions du monde.

5.L’insuffisance de financement ainsi que la privatisation doivent être traitées comme des problèmes qui en sont la cause.

6.Les syndicats de l'enseignement ont un rôle essentiel à jouer pour obtenir ces changements ; le parcours éducatif et les résultats scolaires des enfants bénéficieront aussi de l’amélioration des conditions d’emploi et de travail des enseignant·e·s.

7.Ce n’est qu’en s’organisant sur le lieu de travail que les syndicats de l'enseignement peuvent acquérir le pouvoir nécessaire pour amener les gouvernements à prendre des mesures pour le recrutement et la rétention des enseignant·e·s.

8.Pour attirer les gens vers la profession enseignante, de bonnes conditions de travail sont essentielles, car l’éducation implique de multiples facteurs de risques, par exemple les problèmes de santé mentale.

Le CSEE décide :

a)D’aider les affilié·e·s du CSEE à faire pression sur les gouvernements pour :

i.Renforcer les systèmes éducatifs publics et cesser tous les investissements dans l’enseignement à but lucratif, y compris via des investissements intermédiaires, reconnaissant ainsi qu’il s’agit là de l’unique moyen équitable et soutenable de renforcer le personnel enseignant et d’atteindre l’éducation pour tou·te·s.

ii.Accepter la responsabilité, en tant qu’acteurs internationaux influents, de la pénurie mondiale d’enseignant·e·s et mettre en œuvre des mesures visant à renforcer les systèmes d’éducation publics locaux, améliorer les conditions de travail et empêcher le recrutement actif des enseignant·e·s nécessaires dans les pays en développement pour régler la crise en Europe.

iii.Mettre en œuvre la totalité des recommandations du groupe de haut niveau sur la profession enseignante et le rapport mondial sur les enseignant·e·s.

iv.Soutenir le recrutement, la rétention et la formation d’un nombre d’enseignant·e·s qualifié·e·s respectant la parité entre les hommes et les femmes, à travers davantage de coopération au développement et des partenariats flexibles et durables, en accordant la priorité aux pays enregistrant le plus d’enfants non scolarisés et où la pénurie d’enseignant·e·s qualifié·e·s est la plus criante.

v.Reconnaître l’importance de la qualification des enseignant·e·s.

vi.Aider les femmes enseignantes et les enseignant·e·s de groupes minoritaires à évoluer vers des fonctions de direction.

vii.Se laisser guider par l’expertise et l’expérience des enseignant·e·s et de leurs syndicats ainsi que par les communautés les plus touchées par la pénurie d’enseignant·e·s qualifié·e·s.

viii.Reconnaître les syndicats de l'enseignement en tant que partenaires de développement et partenaires internationaux dans le recrutement et la rétention des enseignant·e·s, dans l’élaboration des politiques et dans l’amélioration du statut de la profession enseignante.

ix.Travailler avec la communauté internationale pour créer et alimenter un fonds mondial pour les salaires des enseignant·e·s.

x.Soutenir les réformes internationales qui permettent aux pays d’augmenter le financement de l’enseignement public grâce à un impôt progressif, la mobilisation des ressources nationales, l’allègement et l’annulation de la dette ; retirer les conditions d’octroi des prêts et les mesures d’austérité imposées qui mettent en péril la capacité des pays à financer l’éducation.

xi.Remplir les critères de référence internationaux en allouant au moins 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD) et un minimum de 15 % de l’APD à l’éducation.

xii.Amener les employeurs à mettre en œuvre des plans de sécurité afin de prévenir les risques psychosociaux spécifiques auxquels le personnel enseignant est confronté.

b)D’aider les affilié·e·s :

i.À apprendre les uns des autres et à améliorer les niveaux d’organisation sur le lieu de travail.

ii.À mettre en place des représentant·e·s sur le lieu de travail pour apprendre les uns des autres, au-delà des frontières.

iii.À partager et publier des exemples d’affilié·e·s du CSEE engageant des actions collectives et des campagnes sur des sujets qui découlent de la crise du recrutement et de la rétention des enseignant·e·s ou cherchent à la résoudre.

iv.À promouvoir des stratégies efficaces de gestion de la pénurie d’enseignant·e·s aux niveaux national et international, et à en tirer les leçons.

Action syndicale pour lutter contre la pénurie mondiale d’enseignant·e·s

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