Une conférence et une audition au Parlement européen marquent la fin de notre projet sur le dialogue social dans les systèmes éducatifs et les migrations

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L’éducation est à la fois un droit fondamental pour tous les êtres humains et un puissant outil d’inclusion sociale: deux vérités dont les pays européens doivent être conscients lorsqu’ils réagissent à la migration et aux réfugié·e·s. Elles ont également inspiré un projet de travail conjoint sur l’éducation et la migration mené par des syndicats de l’éducation et des organisations représentant les employeurs de l’éducation.

Comment les partenaires sociaux de l'éducation peuvent-ils contribuer à l'inclusion des nouveaux·elles arrivant·e·s en Europe? La conférence de clôture de la semaine dernière a présenté la recherche et les études de cas rassemblées dans le cadre du projet. Nous avons ensuite transmis le message au Parlement européen lors d’une audience publique et de la première de notre documentaire Education sans frontières.

La conférence de deux jours (14-15 octobre 2019) a été la conclusion du projet commun du CSEE et de la FEEE sur la promotion de l'intégration effective des migrant·e·s et des réfugié·e·s dans les systèmes éducatifs à travers le dialogue social.

«Ce projet ne fait pas qu’identifier des problèmes. Il cherche des solutions.» C’est ainsi que le professeur Nihad Bunar, Chercheur principal du projet à l’Université de Stockholm, a décrit ce qui l’a motivé pour participer au projet. En effet, la recherche réalisée par le professeur Bunar au cours des deux dernières années propose des études de cas concrets réalisées en Belgique, en Serbie et en Espagne, mettant en lumière la situation des migrant·e·s dans ces pays ainsi que le travail effectué par les enseignant·e·s et les syndicats de l'enseignement pour promouvoir l’inclusion.

Les approches réussies sont axées sur l’enfant et le soutiennent, en l’intégrant dans les classes ordinaires le plus rapidement possible tout en recevant un soutien supplémentaire. Dans ce contexte, la langue maternelle des enfants migrants est essentielle. Elle devrait être utilisée pour étayer leur apprentissage et ne pas être perçue comme un obstacle à l’acquisition de la langue du pays hôte. De même, il est important que les enseignant·e·s bénéficient d'un salaire et de conditions de travail décents, ainsi que des outils, de l'autonomie professionnelle et des possibilités de développement professionnel dont ils ont besoin pour garantir à tou·te·s les apprenant·e·s le soutien nécessaire. L'inclusion réussie est également dirigée vers les familles et nécessite un engagement non seulement des écoles, mais aussi de la communauté en dehors du secteur de l'éducation.

Le dialogue social peut et doit continuer à jouer un rôle important dans une inclusion efficace. Par exemple, les partenaires sociaux de l'éducation peuvent faire en sorte que les discussions politiques prennent en compte les conditions de travail et les besoins professionnels des enseignant·e·s, des formateur·trice·s et des chef·fe·s d'établissement qui s'occupent des migrant·e·s et des réfugié·e·s. Ces professionnel·le·s constituent un élément fondamental de toute stratégie d’inclusion et il·elle·s ont besoin d’excellentes conditions de travail et de possibilités de développement professionnel pour pouvoir relever les défis particuliers des apprenant·e·s nouvellement arrivé·e·s.

Les membres du CSEE et de la FEEE ont discuté de Lignes directrices communes pour l'inclusion efficace des migrant·e·s et des réfugié·e·s dans les systèmes éducatifs. Cela permet de lancer des discussions avec un ensemble plus large d'acteurs sociaux et de décideurs européens sur un éventuel Cadre de qualité pour l'intégration efficace des migrant·e·s et des réfugié·e·s. Les résultats seront proposés pour adoption lors de la prochaine réunion plénière du Dialogue social sectoriel européen pour l’éducation, le 2 décembre 2019.

Le deuxième jour, nous nous sommes rendu·e·s au le Parlement européen pour l'audition publique intitulée «Migration et éducation: humanité et droits ou barrières et hostilité?». Cette session, animée par l'eurodéputé Pierfrancesco Majorino, a permis de présenter le nouveau documentaire Education sans frontières, qui suit les débats et les études de cas tout au long du projet. Le film a été chaleureusement accueilli par le public et par celles et ceux qui ont activement participé au projet au cours des dernières années. Il jette une lumière personnelle sur la richesse et les opportunités que les enfants nouvellement arrivés apportent avec eux lors de leur arrivée en Europe, et présente diverses approches adoptées par des professionnel·le·s de l'éducation pour les aider dans leur intégration.

L’audition publique a rassemblé des représentant·e·s du CSEE, de la FEEE et d’organisations de la société civile: SOLIDAR, PICUM, COFACE, la Croix-Rouge et Eurochild. L'une des principales conclusions est que la création de réseaux dans toute l'Europe est nécessaire pour assurer l'intégration des migrant·e·s dans les systèmes éducatifs, en partant d'une approche de l'inclusion centrée sur les enfants et fondée sur les droits.

Comme l'a souligné Christine Blower, Présidente du CSEE, «tous les enfants ont droit à l'éducation, quel que soit leur statut migratoire. Si davantage de réfugié·e·s arrivent en Europe, nous avons besoin d'une table plus grande et non de murs plus hauts.» Ce projet commun couronné de succès montre que les partenaires sociaux de l'éducation sont attachés à cette vision et ont beaucoup à offrir dans sa mise en œuvre.

Education and Migration Conference and Public Hearing — Brussels, 14-15 October 2019