L'indice d'égalité de genre révèle que la numérisation peut aggraver les inégalités entre les hommes et les femmes

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Le nouvel Indice d'égalité de genre met en lumière une augmentation de la violence sexiste, de la précarité de l'emploi et de la détérioration de l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée des femmes liée à la transition numérique. Selon le rapport, à ce rythme, l'UE n'atteindra pas l'égalité des genres avant 2080, et de nouveaux défis, comme la crise du COVID-19, risquent de placer d’importants obstacles sur la voie vers une Europe de l'égalité des genres. Le CSEE appelle les gouvernements à mettre en œuvre des mesures efficaces pour lutter contre les impacts négatifs de la numérisation sur l'égalité des genres (y compris le droit de se déconnecter) et à soutenir l'utilisation des TIC pour l'inclusion.

Le 29 octobre, l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) a publié les résultats de l’Indice d’égalité de genre 2020, un ensemble de recherches qui analysent les progrès de l'égalité des genres dans plusieurs domaines tels que le travail, l'argent, les connaissances, le temps consacré aux soins et aux activités sociales , le pouvoir, la santé et la violence. Avec un score de 67,9 sur 100, l'Indice révèle que le chemin vers l'égalité des genres est encore long. En zoomant sur chaque pays, les données montrent que la Suède, le Danemark et la France obtiennent les meilleurs résultats parmi les pays européens, tandis que la Grèce, la Hongrie et la Roumanie doivent travailler davantage en faveur de l'égalité des genres.

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Cette année, le rapport se concentre sur la relation entre la numérisation et l'égalité des genres. Entre autres conséquences, les données indiquent l'émergence de nouvelles violences basées sur le genre, telles que le harcèlement en ligne et la cyberviolence, 1 femme sur 4 ayant été victime de harcèlement en ligne en Europe au cours de l’année passée. D'autres données montrent que les travailleuses courent un risque plus élevé que les travailleurs d'être remplacées par des robots et de rester exclues des avantages de l'innovation numérique. Cela est principalement dû à la part importante de femmes dans le secteur des soins, et au fait que les femmes sont plus souvent responsables des soins familiaux que les hommes, ce qui les empêche d'acquérir des opportunités de formation ou de requalification. En outre, la flexibilité croissante qu'implique la numérisation en ce qui concerne les heures et les lieux de travail devrait exacerber les problèmes d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des femmes.

Le rapport souligne également la stagnation des progrès vers l'égalité des sexes dans le secteur de l'éducation, qui n'a augmenté que de 0,1% depuis l'année dernière. Bien que les femmes obtiennent de meilleurs résultats scolaires que les hommes, la ségrégation croissante entre les sexes est le principal obstacle à l'égalité entre les hommes et les femmes après le manque de pouvoir politique, social et économique. Les données montrent que 43% des étudiantes de l'enseignement supérieur choisissent des filières liées à l'éducation, aux sciences humaines et aux arts, tandis que seulement 28% des femmes ont choisi les sciences, l'ingénierie technologique et les mathématiques. Les raisons expliquant cette ségrégation ne sont pas liées aux performances éducatives mais à la pression sociale découlant des attentes sociales genrés sur les choix de carrière. Cette dynamique a des conséquences néfastes sur la richesse et les conditions de travail des femmes, qui se retrouvent souvent dans des emplois peu qualifiés et moins rémunérés.

Commentant ces données, Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, souligne: «En tant que syndicats de l'éducation, nous sommes profondément préoccupés par les défis de l'égalité des sexes liés à la numérisation dans l'éducation. Le Plan d’action du CSEE pour l’égalité des genres souligne que l’enseignement et l’apprentissage numériques, en particulier en période de pandémie du COVID-19, ont augmenté la charge de travail des enseignant·e·s et compromettent davantage l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. De plus, les enseignantes sont de plus en plus exposées au harcèlement et à la cyberintimidation. Nous exigeons que les gouvernements prennent des mesures efficaces et concrètes, dans le cadre du dialogue social avec les syndicats, pour s'attaquer au problème de l'augmentation de la violence sexiste. Pour assurer un équilibre durable entre vie professionnelle et vie privée, nous attendons également que la définition de la vie professionnelle de la profession enseignante et le droit à la déconnexion soient inclus dans les conventions collectives ».

 

Pour en savoir plus sur l'Indice d'égalité de genre 2020, veuillez cliquer ici.