Développement de carrière et égalité des genres dans le milieu universitaire et la recherche

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Le Comité permanent de l'enseignement supérieur et de la recherche (HERSC) du CSEE a débattu des questions de développement de carrière des enseignant·e·s et des chercheur·euse·s  de l'enseignement supérieur en mettant l'accent sur l'égalité des genres à l'occasion de la Journée internationale des femmes. L'événement s'est tenu à Bruxelles les 7 et 8 mars 2023.

En ce qui concerne les obstacles à des emplois de qualité et durables, les représentant·e·s syndicaux·ales ont souligné de nombreux défis concernant la rétention des universitaires et des chercheur·euse·s, tels que les lourdes charges de travail, le nombre élevé de contrats temporaires et une lutte constante pour un financement permanent. C'est ce qui explique les résultats d'une enquête menée en Norvège, qui a révélé que seul un·e postdoctorant·e sur cinq conseillerait aux jeunes de s'engager dans une carrière de recherche. Les syndicats des travailleur·euse·s du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche et les représentant·e·s de la Commission européenne ont discuté de l'élaboration de deux cadres pour des carrières attrayantes et durables dans l'enseignement supérieur et la recherche. Les participant·e·s ont critiqué la poursuite de la coopération en matière de mobilité et de la coopération transnationale dans le cadre du programme Erasmus, appelant à repenser ce type de mobilité car il n'est pas destiné à traiter de la coopération dynamique entre les universités. Les syndicats de l'enseignement ont reconnu que le statut permanent des chercheur·euse·s, les salaires décents et les bonnes conditions de travail ne sont pas garantis au sein ou en dehors du milieu universitaire, par exemple dans les instituts à but lucratif.

Quant à la nécessité de promouvoir l'inégalité entre les genres, des expériences menées en Albanie, en Suède et en France ont été présentées. Les représentant·e·s des syndicats de l'enseignement supérieur et de la recherche ont reconnu l'existence de problèmes similaires d'inégalité entre les genres dans le milieu universitaire de nombreux pays d'Europe. L'étude SHE Figures Study 2021 montre que les femmes sont sous-représentées au plus haut niveau dans le monde universitaire et dans les postes de décision. Globalement, les femmes représentent 42,3 % du personnel académique et seulement 23,6 % des recteur·trices d'établissements d'enseignement supérieur sont des femmes. De plus, les femmes sont proches d'atteindre la parité hommes-femmes parmi les titulaires de doctorat, mais elles sont encore sous-représentées dans les professions techniques. Alors que la proportion de femmes parmi les titulaires d'un doctorat dans l'UE est de 48,1 %, la proportion de femmes est plus faible (24,9 %) parmi les professionnel·le·s indépendant·e·s dans les domaines des sciences et de l'ingénierie et des technologies de l'information et de la communication. De plus, plus de femmes travaillent sous des contrats précaires que leurs homologues masculins. Ainsi, plusieurs disparités existent entre les hommes et les femmes telles que les inégalités salariales ou les écarts de retraite, la difficulté à concilier travail et vie privée et l'accès au financement de la recherche.

En Suède, une étude intitulée « Coup de projecteur sur l’égalité des genres : quand la précarité masque tout » montre que si le nombre de femmes diplômées dépasse celui des hommes, cette proportion s'inverse complètement lorsqu'il s'agit d'accéder au statut de professeur·e titulaire. De même, en Albanie, alors que les femmes représentent 77,9 % des étudiant·e·s et du personnel académique, dans les dernières étapes de la carrière, la proportion de femmes diminue progressivement, tombant à 69,2 % parmi les professeur·eure·s associé·e·s et à 50,4 % parmi les professeur·e·s titulaires. L'écart en termes de participation des femmes et des hommes à la recherche, à l'innovation et au leadership reflète des barrières culturelles cachées.

Cependant, les progrès peuvent être facilités avec l'aide d'actions des gouvernements comme en Irlande, où un Plan d’action du groupe de travail sur l’égalité des genres pour l’enseignement supérieur a été mis en place par le gouvernement pour aider à augmenter le ratio de femmes rectrices d'université. Par conséquent, un dialogue social fort est nécessaire pour faciliter la coopération entre les syndicats de l'enseignement et les gouvernements. Les syndicats de l'enseignement continueront à faire pression sur les gouvernements et les institutions universitaires pour protéger les travailleur·euse·s de l'enseignement supérieur, notamment pour lutter contre les inégalités entre les genres et prévenir les risques psychosociaux tels que le harcèlement sexuel. À cet égard, les participant·e·s ont souligné l'importance de l'implication des syndicats et du dialogue social dans tous les aspects de la gouvernance.