Stratégies pour attirer et retenir le personnel de l'éducation de la petite enfance : événement conjoint du CSEE et du BUPL

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Le 15 novembre, le CSEE et le Syndicat danois des éducateur·trice·s de la petite enfance et de la jeunesse (BUPL) ont organisé un événement conjoint à Bruxelles pour les représentant·e·s des syndicats de l'éducation représentant le personnel de l'éducation de la petite enfance. L'événement visait à discuter des moyens d'attirer et de retenir le personnel dans le secteur de l'éducation de la petite enfance (EPE).

Les organisations membres du CSEE ont souligné l'importance de la coopération entre la Commission européenne, les ministères et les partenaires sociaux, qui a donné lieu à des rapports importants, par exemple sur la manière de recruter, former et motiver un personnel qualifié. Bien que le rapport souligne que la qualité de l'EPE s'améliore lorsque le personnel est qualifié et motivé à rester dans la profession, des défis persistent pour attirer et retenir les enseignant·e·s et garantir un enseignement de qualité. La pénurie d'enseignant·e·s, l'insuffisance de personnel qualifié et les salaires comparativement inférieurs à ceux des enseignant·e·s du primaire et du secondaire sont des défis auxquels sont souvent confrontés la majorité des pays participant à l'événement. De plus, alors que les organisations membres du CSEE défendent que l'éducation est un droit humain et un bien public et que l'EPE devrait donc être gratuite pour tous les enfants, la privatisation du secteur et le manque d’investissements publics pour la construction et les infrastructures restent des défis pour mettre en œuvre la garantie pour l’enfance dans de nombreux pays.

Au Danemark, il manque actuellement 4 000 enseignant·e·s dans le secteur de l'éducation, et ce chiffre passera à 8 000 d'ici 2024. L'analyse de la tendance à la baisse du recrutement du personnel de l'EPE dans le pays a mis en évidence la manière dont le faible niveau académique des programmes de formation des enseignant·e·s, les salaires peu attractifs des enseignant·e·s de l'EPE et l’abaissement des qualifications requises pour accéder à la profession en réponse à la pénurie d’enseignant·e·s sont interconnectés. La Norvège est confrontée à des problèmes similaires, dans la mesure où la qualité de la formation des enseignant·e·s en EPE est réduite pour embaucher davantage de personnel. Cela crée un cercle vicieux dans la mesure où des attentes moindres en matière de qualification diminuent l’attractivité de la profession, ce qui implique que des jeunes moins talentueux·ses et moins motivé·e·s postuleront pour devenir enseignant·e·s d’EPE. En Lettonie, l’inégalité de rémunération des enseignant·e·s du préscolaire a suscité un examen juridique, la Cour constitutionnelle ayant reconnu le problème. Les syndicats italiens de l'éducation sont également confrontés à de nouvelles pratiques de recrutement et à la baisse des qualifications des enseignant·e·s, qui font obstacle à l'amélioration du statut du personnel de l'EPE en termes de salaires et de conditions de travail. En Roumanie, malgré des évolutions positives telles que des augmentations de salaire, plus de 48 % des enfants n'ont pas accès aux jardins d'enfants publics, ce qui entraîne une surcharge des classes et des conditions de travail difficiles pour les enseignant·e·s, tandis que 97 % des éducateur·trice·s de l'EPE plaident pour une intervention accrue du gouvernement dans le secteur. En France, où la scolarité est obligatoire à partir de 3 ans, la formation et les ressources limitées des enseignant·e·s, les salles de classe surpeuplées et la tendance croissante aux démissions du personnel constituent des problèmes pressants. La Macédoine et la Géorgie partagent des défis similaires et appellent à de nouveaux cadres juridiques pour résoudre ces problèmes.

Malgré des pratiques positives en Irlande, où la profession est considérée comme attractive, et en Finlande, où l’écart salarial des enseignant·e·s d’EPE est en train d’être comblé, les pénuries d’enseignant·e·s persistent et l’abaissement du statut de la profession et des exigences de formation des futur·e·s enseignant·e·s reste une menace. Les résultats de cet événement ont souligné l'importance de changer le discours autour du travail du personnel de l'EPE, car le public croit toujours que les enseignant·e·s de l'EPE ne s'occupent que du travail de soins et non de l'éducation. Les syndicats de l'éducation continueront d'appeler les gouvernements à un dialogue social efficace pour améliorer le statut de la profession enseignante dans le secteur, et à un financement public durable, soutenant le développement professionnel des enseignant·e·s et une formation des enseignant·e·s de haute qualité pour le personnel formé, garantissant des salaires équitables et de bonnes conditions de travail et offrant un accès gratuit à l’éducation de la petite enfance. L’implication des partenaires sociaux dans l’élaboration des politiques et le renforcement du dialogue social sont essentiels à cette fin. Ces objectifs s'alignent pleinement sur l'engagement du CSEE à améliorer la qualité de l’éducation de la petite enfance, à renforcer le statut de la profession et à remédier aux pénuries d'enseignant·e·s sans compromettre les normes professionnelles.