Une coopération plus étroite avec le monde du travail crée de nouvelles attentes : points de vue de la Finlande concernant l’EFP et les stages d’apprentissage

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L’enseignement et la formation professionnels (EFP) font partie intégrante des systèmes éducatifs en Europe, mais ce secteur et les enseignant·e·s qui y travaillent sont souvent moins bien considérés qu’ils ne devraient l’être. Inscrite dans le cadre d’une série d’événements annuels organisés par la Commission européenne, la Semaine européenne des compétences professionnelles jette un nouvel éclairage sur l’EFP.

Les événements de cette année se sont déroulés à Helsinki, à la demande de la présidence finlandaise du Conseil de l’UE. L’OAJ, organisation membre du CSEE en Finlande, était présente sur place pour y présenter à la fois son travail et la profession enseignante. Nous avons rencontré Inkeri Toikka pour connaître le point de vue de son syndicat concernant l’EFP et l’évolution récente de la situation de l’apprentissage en Finlande. Spécialiste au sein de l’OAJ, Inkeri Toikka participe aux travaux internationaux du syndicat se rapportant aux politiques de l’EFP et de l’Alliance européenne pour l’apprentissage.

Inkeri at VET Skills Week
Inkeri Toikka (seated right) at European Vocational Skills Week with OAJ colleagues

CSEE : Quel rôle joue l’OAJ dans le cadre de l’EFP et de l’apprentissage en Finlande ?

Inkeri Toikka : Notre syndicat de l’enseignement, l’OAJ, est un fervent défenseur des droits des enseignant·e·s. Sa mission consiste à exercer son influence là où se prennent les décisions ayant des répercussions sur le bien-être de ses membres, qu’il s’agisse du lieu de travail, du système éducatif ou de la société en général. L’OAJ est également la seule organisation syndicale qui représente le personnel de l’EFP dans les négociations salariales.

Notre syndicat travaille en étroite collaboration avec les membres du parlement finlandais, le gouvernement, les ministères et l’Agence nationale finlandaise pour l’éducation, ainsi qu’avec les médias et les associations de parents. Nous estimons qu’une coopération transparente entre les responsables politiques et notre syndicat est un atout pour notre société, nos enfants et l’ensemble du personnel du système éducatif et du secteur de l’éducation.

CSEE : Comment devient-on enseignant·e de l’EFP en Finlande ?

Inkeri Toikka: En Finlande, les enseignant·e·s de l’EFP sont hautement qualifié·e·s et doivent répondre à des exigences strictes en matière de formation :

  • Etre titulaires d’un baccalauréat dans leur propre secteur professionnel. Si un tel diplôme n’existe pas, il peut être remplacé par le plus haut niveau de qualification qu’il est possible d’atteindre dans ce secteur.
  • Avoir au moins trois ans d’expérience professionnelle dans leur secteur.
  • Participer à un programme de formation pédagogique correspondant à 60 ECTS.

Les travailleur·euse·s qui répondent à ces exigences ont le droit d’enseigner. Cela leur confère un statut autonome au travail, ainsi que la liberté pédagogique et l’indépendance, considérant que les enseignant·e·s de l’EFP qui enseignent des compétences professionnelles spécifiques sont aussi des éducateur·rice·s. Il·Elle·s contribuent au développement des élèves, les amènent à devenir des citoyen·ne·s éthiquement responsables, tout en leur enseignant les connaissances et les compétences qui leur seront nécessaires dans la vie. C’est pourquoi il est particulièrement important que les enseignant·e·s puissent participer à des programmes de formation continue.

CSEE : Comment évolue l’EFP en Finlande ?

Inkeri Toikka : Fin juin 2017, le parlement finlandais a adopté une nouvelle loi pour l’enseignement et la formation professionnels. Il s’agit de la plus importante réforme législative pour l’éducation en près de vingt ans. La formation en milieu professionnel est désormais organisée de deux manières :

  1. Un stage d’apprentissage formel assorti d’un contrat à durée déterminée
  2. Sous la forme de contrats de formation, qui ne sont pas des contrats de travail, mais qui permettent de mettre fin à l’apprentissage dit « sur le tas »

Diverses combinaisons de contrats de formation et de stages d’apprentissage sont également possibles.

Le changement le plus important pour les enseignant·e·s de l’EFP aujourd’hui, c’est la grande diversification des apprenant·e·s : jeunes, adultes, élèves ayant des besoins spéciaux, populations étrangères, etc. De même, une coopération plus étroite avec le monde du travail crée de nouvelles attentes auprès des enseignant·e·s et en matière d’enseignement. Nous pensons qu’une plus grande collaboration entre les enseignant·e·s et les conseiller·ère·s sur les lieux de travail permettrait d’améliorer l’accompagnement des élèves en milieu professionnel.

CSEE : Comment est-ce que votre syndicat voudrait voir évoluer les choses ?

Inkeri Toikka : Nous pensons qu’une plus grande collaboration entre les enseignant·e·s et les conseiller·ère·s sur les lieux de travail permettrait d’améliorer l’accompagnement des élèves en milieu professionnel. Les enseignants et les experts du milieu de travail devraient faire l'évaluation ensemble. Cela signifie que les enseignants sont davantage responsables des qualifications, de l'emploi et de la poursuite des études des élèves.

CSEE : En 2015, l’OAJ a signé un engagement à soutenir l’Alliance européenne pour l’apprentissage. Qu’est-ce que cela signifie pour votre syndicat ?

Inkeri Toikka : Depuis la signature de cet accord, nous participons à un plus grand nombre d’événements et nous apprenons à mieux connaître la structure des services d’EFP dans différents pays. Nous avons pu comparer notre situation à celles des autres pays et avons également essayé d’appliquer leurs bonnes pratiques.

CSEE : Quel message souhaiteriez-vous adresser aux autres organisations membres du CSEE travaillant dans le domaine de l’EFP et de l’apprentissage ?

Inkeri Toikka : Il est très important d’échanger les bonnes pratiques et de tout mettre en œuvre pour améliorer la qualité de l’EFP en général. Les compétences des enseignant·e·s, le maintien de ces compétences et la possibilité de perfectionner leur enseignement sont autant de conditions essentielles pour garantir la qualité de l’EFP et le bon déroulement des carrières des professionnel·le·s de ce secteur. Nous devons exiger que de telles conditions soient remplies et les appliquer dans chaque pays.