Le prestige n’apportera pas le pain sur la table ! Les enseignant·e·s au centre du Sommet européen de l’éducation

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Le Sommet européen de l’éducation est l’événement phare de la Commission européenne pour l’éducation. Le sommet de cette année n’est que la deuxième édition de cette série d’événements. Organisé le 26 septembre à Bruxelles, celui de cette année était placé sous le thème « Les enseignant·e·s d’abord : excellence et prestige pour l’Espace européen de l’éducation ». Une délégation du CSEE était présente sur place pour faire entendre notre voix.

La délégation du CSEE était composée de Susan Flocken (Directrice européenne), Christine Blower (Présidente du CSEE), Rob Copeland (Président du HERSC) et Trudy Kerperien (membre du Bureau du CSEE), ainsi que des représentant·e·s des syndicats nationaux de Grèce, d’Irlande et du Danemark, et du Secrétariat du CSEE. Parmi les 700 participant·e·s au Sommet, 20 ministres de l’Education et 160 enseignant·e·s étaient présent·e·s, aux côtés des partenaires sociaux et de divers·es responsables politiques.

Le Sommet, dont l’axe central était les enseignant·e·s, avait pour thème « Les enseignant·e·s d’abord : excellence et prestige pour l’Espace européen de l'éducation ». Dans son allocution d’ouverture, le Commissaire européen pour l’éducation Tibor Navracsics a rappelé aux participant·e·s la nécessité d’autonomiser les enseignant·e·s, de les respecter et de les motiver. Il a précisé qu’il importait de leur accorder la priorité, ainsi qu’à leurs préoccupations, dans la mesure où il·elle·s constituent la pierre angulaire des écoles européennes. En réponse, notre Présidente Christine Blower a pris la parole et a rappelé au Commissaire Navracsics que redorer le blason des enseignant·e·s ne suffisait pas à subvenir à leurs besoins. Elle a déclaré qu’il était compréhensible que la définition des barèmes salariaux soit une compétence nationale, mais que les politiques financières de l’UE continuaient à exercer une pression sur les salaires et les retraites des enseignant·e·s. Ces montants doivent être augmentés et il est donc important de garder à l’esprit l’influence des politiques de l’UE.

Parmi les différent·e·s intervenant·e·s figuraient des ministres de l’Education, des enseignant·e·s et des chef·fe·s d’établissement scolaire. Les thématiques abordées lors de cet événement étaient centrées sur les questions suivantes :

  • Qui a peur de devenir enseignant·e ? Qu’est-ce qui importe au-delà des salaires ?
  • Développement professionnel continu des enseignant·e·s pour une profession attrayante.
  • Qui a peur des nouvelles technologies en classe ?
  • Les enjeux des TIC et de l’IA. Enseigner les langues étrangères dans les écoles : un must ou un luxe ?
  • Mobilité Erasmus+ pour les enseignant·e·s et les élèves : entre eTwinning et la mobilité physique. Universités européennes : changer la donne pour l’enseignement supérieur en Europe ?
  • Enseigner les valeurs communes, promouvoir un sentiment d’appartenance commun dans des classes multiculturelles.
  • Partenariat entre écoles et entreprises.
  • Excellence professionnelle : un écosystème de compétences pour l’innovation et l’inclusion sociale.
  • Importance des langues régionales et minoritaires en Europe.

Susan Flocken, Directrice européenne du CSEE, a participé au débat organisé dans le cadre de l’atelier « Les enseignant·e·s ont-il·elle·s le blues ? », à l’occasion duquel elle a mis en avant que l’éducation était un bien public devant bénéficier d’un investissement public durable. Les enseignant·e·s ont besoin de soutien et d’une formation initiale et continue, mais dans la plupart des cas, celle-ci n’est pas axée sur la pratique ou alors elle est payante et organisée en dehors de leurs heures de travail. Investir dans l’éducation est essentiel pour attirer des enseignant·e·s, les maintenir dans la profession et leur offrir de bonnes conditions de travail, ainsi qu’un salaire gratifiant.

John MacGabhann (Teachers’ Union of Ireland - TUI) a, lui aussi, pris la parole pour rappeler à la Commission européenne et aux ministères que l’enseignement est un métier difficile et exigeant sur le plan physique. Les enseignant·e·s sont des êtres humains, qui vieillissent aussi. Se concentrer uniquement sur les jeunes enseignant·e·s n’est pas la solution, surtout s’il·elle·s travaillent dans le cadre de contrats précaires et dans de mauvaises conditions, qui les poussent à abandonner la profession. Les enseignant·e·s ont besoin d’un véritable soutien à chaque étape de leur carrière et il importe de recentrer le débat sur leurs salaires.