Le nouveau plan d'action pour la démocratie européenne laisse de côté les partenaires sociaux et omet de donner un rôle de premier plan à l'éducation

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Le 3 décembre 2020, la Commission européenne a lancé le nouveau plan d’action pour la démocratie en vue d'améliorer la résilience des démocraties, de renforcer la transparence et l'intégrité des processus décisionnels, ainsi que d'encourager la participation active des citoyen·ne·s à la démocratie et à la politique aux niveaux national et européen. Le nouveau plan d'action, qui doit être mis en œuvre d'ici 2024, propose des mesures pour lutter contre les menaces et les interférences externes dans les processus électoraux, les secteurs des médias et de l'information, au lieu de se pencher sur les défis internes. Le CSEE est consterné de constater que seul un rôle marginal est donné dans le plan d'action à l'éducation et aux thèmes de l'égalité et de l'inclusion. Le plan d’action ne contient aucune référence aux partenaires sociaux.

Malgré la mention d’un «soutien à l’éducation pour une citoyenneté active», nous regrettons que la Commission européenne n’attribue à l’éducation qu’un rôle tout à fait secondaire. D'une part, le plan ne fait aucune référence à la responsabilité des États membres dans la création de cadres politiques favorables à la citoyenneté démocratique; d'autre part, la Commission européenne n'a pas prévu de mécanismes de suivi clairs et efficaces pour garantir le processus de mise en œuvre de l'éducation à la citoyenneté. La Directrice européenne, Susan Flocken, a déclaré: «En matière de démocratie, l’éducation doit être au cœur de toute stratégie politique. De la petite enfance à l'enseignement supérieur et à l'apprentissage tout au long de la vie, l'éducation est essentielle pour former des citoyen·ne·s ouvert·e·s d'esprit, à l'esprit critique et responsables, qui contribuent activement à une démocratie résiliente et florissante. Dans le même temps, l’éducation est un outil crucial pour lutter contre les inégalités et autonomiser les groupes défavorisés, exclus et marginalisés ainsi que les personnes ayant des besoins spéciaux, et pour permettre leur contribution active à nos démocraties. »

Ces dernières années, la montée en flèche de la radicalisation, des attaques terroristes, du nationalisme et de la xénophobie a gravement porté atteinte aux valeurs fondamentales de nos démocraties, notamment la liberté académique, l'autonomie institutionnelle et la liberté dans l'éducation. Ces dernières années, les enseignant·e·s et les établissements d'enseignement ont été de plus en plus attaqué·e·s, et le CSEE a appelé à plusieurs reprises les gouvernements et les autorités politiques à protéger ces valeurs fondamentales en tant que composantes essentielles de nos démocraties. Cependant, nous regrettons que le plan d'action ne développe pas cette dimension et que la liberté académique ne soit que brièvement évoquée.

De plus, la transition numérique rapide, accélérée par la pandémie du COVID-19, redéfinit entièrement les modes d'enseignement et d'apprentissage, offrant de nouvelles sources d'informations ouvertes. Il est positif que la Commission européenne s’engage à élaborer des «lignes directrices communes pour les enseignant·e·s et le personnel éducatif afin de favoriser la culture numérique et de lutter contre la désinformation par l’éducation et la formation». Cependant, il est particulièrement décevant que les syndicats de l’enseignement, qui connaissent le mieux les besoins des enseignant·e·s et répondent sans relâche à leurs revendications, ne soient même pas mentionnés parmi les parties prenantes participant à ce processus.

Le CSEE appelle les gouvernements nationaux et l'Union européenne à renforcer le dialogue social afin d'inclure les syndicats de l’enseignement dans la mise en œuvre du plan d'action tant au niveau national qu'européen. En outre, le CSEE souligne que des lignes directrices pour les enseignant·e·s et un cadre politique pour une citoyenneté active ne sont pas suffisants s'ils ne sont pas soutenus par un financement public durable et des possibilités concrètes de formation pour les enseignant·e·s, qui doivent être doté·e·s des outils et méthodes pédagogiques adéquats pour répondre aux menaces planant sur la démocratie.