L'égalité des genres à l'étude : le Bon, la Brute et le Truand : EIGE 2023

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Le 24 octobre 2023, l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) a lancé son rapport annuel sur l'Indice d’égalité de genre 2023. Chaque année, l'Indice d'égalité de genre se présente comme un outil permettant d'évaluer les progrès de l'égalité de genre dans l'Union européenne. Il attribue une note de 1 à 100 à la fois à l'UE dans son ensemble et à ses États membres, en fonction de la mesure dans laquelle la pleine égalité entre les hommes et les femmes est réalisée. L’objectif principal de cet indice est d’identifier les domaines nécessitant des améliorations, d’aider les décideur·euse·s politiques et d’évaluer les progrès. Afin d'offrir une image plus authentique de la situation actuelle, l'indice a été renforcé par une enquête axée sur la répartition précise du temps consacré aux soins non rémunérés des enfants, aux soins de longue durée et aux tâches ménagères. En 2023, l'Indice d'égalité de genre se concentre sur l'impact de la transition du Green Deal européen sur l'égalité des genres, en particulier dans les secteurs de l'énergie et des transports, soutenant ainsi une Europe durable et égalitaire.

Le Bon

Pour la première fois, l'Indice d'égalité du genre a dépassé les 70 points, soit une croissance de 1,6 point par rapport à 2022, ce qui constitue l'augmentation annuelle la plus importante depuis la première introduction de l'Indice en 2013. Ouvrant la voie à l'égalité des genres, La Suède (82,2), les Pays-Bas (77,9) et la Belgique (76) ont enregistré les plus fortes augmentations. Les progrès de la Belgique s'étendent également au rapport 2023 de la Commission européenne sur l'égalité des genres dans l'UE, qui met en évidence les réformes positives dans le secteur du droit pénal. Dans le même temps, l'Italie (68,2) se distingue comme le pays connaissant la transformation la plus significative depuis la création de l'Indice.

La Brute

Si l’écart entre les genres en matière de soins se réduit, cela est principalement dû à une réduction des soins dispensés par les femmes plutôt qu’à une participation accrue des hommes. Dans le même temps, les crises financières et les chocs extérieurs posent des défis supplémentaires à la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes, entravant potentiellement les progrès, voire provoquant une régression. L’accent mis par l’EIGE sur l’impact du Green Deal européen sur l’égalité des genres est également particulièrement pertinent, compte tenu des effets sexospécifiques du changement climatique. On peut notamment constater que 80 % des réfugié·e·s climatiques sont des femmes, et que les violences basées sur le genre ont tendance à augmenter dans les environnements marqués par l’insécurité climatique. De plus, compte tenu de la composition majoritairement féminine du secteur de l'éducation, le CSEE a également noté que le changement climatique exerce un impact distinct et prononcé sur l'éducation. Les conditions de travail inadéquates et dangereuses résultant des changements climatiques rendent les femmes particulièrement vulnérables, en particulier les femmes ménopausées ou enceintes, qui sont plus sensibles aux températures élevées. Par conséquent, l’EIGE souligne la nécessité cruciale de disposer de données ventilées par genre et d’une collecte de données cohérente pour mieux comprendre le lien entre le genre et la pauvreté énergétique, permettant ainsi l’élaboration de politiques transformatrices axées sur le genre.

 

Le Truand

La persistance de la ségrégation hommes-femmes dans les secteurs clés reste préoccupante. Dans le domaine de l’éducation, le ratio femmes/hommes continue d’être quatre fois plus élevé, une tendance qui perdure depuis 2010. En outre, malgré quelques progrès, le marché du travail reste l’objet de la même ségrégation selon le genre qu’il y a dix ans. Compte tenu des transitions verte et numérique actuelles, qui nécessitent le perfectionnement et la reconversion des travailleur·euse·s, les femmes sont confrontées à un risque plus élevé de marginalisation en raison de leur sous-représentation dans les domaines STEM. Cela perpétue l’écart entre les hommes et les femmes en matière d’opportunités d’emploi, posant des défis importants pour parvenir à une véritable égalité des genres. Il convient toutefois de noter une évolution positive mise en évidence dans le rapport 2023 de l’UE sur l’égalité des genres. La stratégie européenne pour les universités, introduite lors de l’Année européenne de la jeunesse 2022, se concentre sur l’amélioration de l’équilibre entre les genres parmi les étudiant·e·s  et le personnel universitaire. Cette approche proactive aborde et corrige les disparités entre les genres existantes dans les STEM, offrant ainsi l’espoir d’un avenir plus équitable.

Avancer

En ce qui concerne l’avenir, le Comité syndical européen de l’éducation (CSEE) adhère aux conclusions de l’EIGE énoncées dans l’indice d’égalité du genre 2023 et souligne la nécessité vitale de changements politiques, les principaux points d’entrée étant : a) la promotion de la participation et du leadership des femmes, b) le renforcement de la résilience et de l’adaptabilité des femmes, c) la lutte contre les inégalités entre les genres et les inégalités sociales, et d) l’accroissement des avantages que les femmes peuvent tirer des améliorations en matière de carbone. Comme le révèle l’Indice, le secteur de l’éducation sur le marché du travail européen continue de faire face à d’importantes disparités entre les hommes et les femmes. Le CSEE et ses organisations membres réitèrent leur engagement à relever ces défis et à accroître l'égalité des genres à tous les niveaux sociaux, suite aux différentes actions proposées dans le Plan d'action du CSEE sur l'égalité des genres.