Communiqué de presse - Financer l’éducation : une condition indispensable pour promouvoir davantage d’inclusion et d’équité au sein de nos sociétés

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Au cours de la prochaine réunion du Conseil Education, prévue le 24 février 2016, les ministres européens de l’Education devraient adopter le Projet de résolution du Conseil relative à la promotion dans l’UE du développement socio-économique et de l’inclusion au moyen de l’éducation : contribution de l’éducation et de la formation au Semestre européen 2016. Ce projet de résolution insiste sur le besoin urgent d’investir dans l’éducation, de combler les déficits et d’anticiper les demandes futures en matière de compétences, de considérer l’éducation comme étant le secteur ayant le plus de potentiel pour promouvoir l’inclusion sociale, les valeurs démocratiques et les compétences citoyennes pour tous les individus.

Le CSEE, représentant 11 millions d’enseignants et éducateurs affiliés à 132 syndicats de l’éducation dans l’ensemble des pays européens, souhaitent saluer les thèmes développés dans le projet de résolution et accueille favorablement les points suivants :

  • La vision holistique de l’éducation adoptée par les institutions européennes et les responsables politiques. Cette approche permet de « garantir une cohérence avec les grands objectifs de la stratégie Europe 2020 ainsi qu’avec les modalités de gouvernance dans le cadre du Semestre européen, tout en respectant pleinement la subsidiarité, l’autonomie des établissements d’enseignement et la liberté pédagogique », longuement attendue et revendiquée par le CSEE.
  • Le Conseil Education reconnaît le manque d’investissement dans l’éducation en Europe, confirmant ainsi que ce secteur a été une cible bien trop facile pour justifier les assainissements budgétaires.
  • Le fait de reconnaître que l’éducation joue un rôle crucial dans la diminution des inégalités en termes de richesse, genre, appartenance ethnique et situation géographique.

Toutefois, les solutions proposées pour relever les défis identifiés demeurent insuffisantes :

  • Les risques sociaux et économiques imputables au peu d’investissements réalisés dans l’éducation par les Etats membres sont considérables. Comme le reconnaissent les stratégies Europe 2020 et Education et Formation 2020, les Recommandations spécifiques par pays formulées par le Semestre européen, la Déclaration de Paris et le Programme des Objectifs pour le développement durable 2030 des Nations Unies, le recrutement, le soutien et l’autonomisation des enseignants - et donc l’investissement en leur faveur - sont des éléments essentiels pour réduire les inégalités en termes d’accès à l’éducation et d’apprentissage. Les solutions proposées pour pallier le manque avéré d’investissements dans l’éducation en Europe, ne représentent en définitive rien d’autre qu’une goutte d’eau dans l’océan par rapport à ce qui devrait être investi.
  • Comme rappelé dans la Position du CSEE concernant le Plan d’investissement pour l’Europe, les Etats membres de l’UE ne devraient pas être encouragés à compter toujours davantage sur l’intervention des investisseurs et sur les intérêts des entreprises pour financer l’éducation, notamment au travers de la promotion des partenariats public-privé.
  • Enfin, le CSEE rappelle les termes de sa récente position concernant l’Agenda pour des compétences nouvelles pour l’Europe [2] de la Commission européenne : « Nous nous opposons à l’idée de promouvoir les partenariats public-privé au sein de l’éducation et nous exigeons le respect de l’autonomie du secteur de l’éducation vis-à-vis du secteur des entreprises, en constante évolution »”.
  • Nous exprimons nos inquiétudes face aux conclusions du Conseil, qui encouragent les « incitants permettant d’améliorer la qualité », ceux-ci pouvant se comprendre comme un système de financement basé sur la performance au sein de l’éducation.  Les syndicats d’enseignants ne soutiennent guère ce modèle de subvention, car il pourrait conduire à un financement inéquitable des écoles et à des inégalités parmi les élèves et les établissements. Les financements doivent être consentis en fonction des « besoins » et non de la « performance ».  Les stratégies de financement ne peuvent s’appuyer sur une approche biaisée, formatée ou pénalisante.

Dans son commentaire concernant le projet de résolution, Martin Rømer, Directeur européen du CSEE, a souligné : « En aucun cas les gouvernements ne doivent se soustraire à leurs responsabilités démocratiques au profit des entreprises. Les ministres et partenaires sociaux en charge de l’éducation, à tous les niveaux, ainsi que les communautés scolaires, doivent se réapproprier les réformes en matière d’éducation et de formation et non pas les abandonner aux intervenants et aux intérêts du marché du travail ». Le CSEE estime que les gouvernements et les autorités publiques, en coopération avec les partenaires sociaux, devraient adopter une approche holistique de l’investissement dans l’éducation et contrôler l’élaboration et l’impact du budget réservé au secteur, afin de garantir que les ressources profitent également aux personnes les plus marginalisées et défavorisées sur le plan social et économique, souvent issues de la migration.

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