La précarité de l’emploi menace la recherche et l'enseignement supérieur

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Le Comité permanent de l'enseignement supérieur et de la recherche (HERSC) des organisations membres du CSEE s'est réuni les 19 et 20 septembre 2021 pour discuter de certains des problèmes clés auxquels sont confronté·e·s les chercheur·euse·s et les universitaires dans le secteur de l'enseignement supérieur.

La réunion a permis aux syndicats représentant le personnel des secteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche de débattre de divers sujets, notamment de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur le paysage de l'enseignement supérieur. Les membres du HERSC se sont penchés sur la menace que représente l'emploi précaire pour la santé et le bien-être des chercheur·euse·s et des enseignant·e·s dans les établissements d'enseignement supérieur. Cela a été fait en réponse à la feuille de route produite par la Commission concernant les prochaines recommandations du Conseil européen sur le Pacte pour la recherche et l'innovation. Les organisations membres du CSEE ont discuté des conclusions du Conseil sur l’initiative « universités européennes » qui a été adoptée par le Conseil « Education » au mois de mai.

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Les membres du HERSC ont également débattu de l'augmentation de la charge de travail et du stress liée au travail, des environnements de travail psychosociaux globalement négatifs et de l'augmentation de la précarité parmi les universitaires. Les membres ont fait valoir que cela est en grande partie causé par la forte pression du financement de la recherche universitaire par une contribution financière externe. Comme il existe un manque de financement public pour la recherche, les universitaires sont souvent employé·e·s dans le cadre de contrats à durée déterminée. Cela rend plus difficile pour eux·elles d'entreprendre un enseignement et une recherche de haute qualité, comme le souligne le rapport politique de l’OCDE publié en mai 2021 et relatif à la « Réduction de la précarité des carrières dans la recherche universitaire ». Les syndicats du personnel de l'enseignement supérieur et de la recherche exigent que les ministères et les établissements d'enseignement supérieur mettent fin à la précarité de la profession en assurant un financement public durable de l'enseignement supérieur et de la recherche, et en garantissant aux universitaires un emploi durable plutôt qu'un revenu basé sur des projets. Cela est particulièrement nécessaire maintenant que la crise du Covid-19 a exacerbé la situation dans de nombreuses universités.

La commercialisation de la recherche et de l'enseignement supérieur du fait de l'augmentation des financements privés met en péril la liberté académique et l'autonomie institutionnelle. Cependant, les syndicats de l'enseignement continuent de lutter pour la sécurité de l'emploi des universitaires et des chercheur·euse·s, tant au niveau national qu'européen. Sur la base du non-respect de la Recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur (unesco.org), des atteintes aux libertés académiques ont été portées à l'attention de l'OIT et de l'UNESCO. Cela aura un impact sur la mise en œuvre du Communiqué de Rome, dans le cadre duquel les ministres de 49 pays du processus de Bologne ont admis que l'amélioration de l'apprentissage et de l'enseignement dans l'enseignement supérieur doit aller de pair avec la garantie pour le personnel « d'opportunités d'emploi et de carrière stables, d’une parité d'estime pour l'enseignement et la recherche, de conditions de travail attrayantes, d’un accès à une formation continue du personnel et de la reconnaissance de leurs réalisations ».

Avec la numérisation continue de l'enseignement universitaire, les universitaires ont besoin de contrats permanents, de salaires décents et d'un développement professionnel continu pour un enseignement et une recherche de qualité. Un dialogue social solide est nécessaire pour faciliter la coopération entre l'éducation, les syndicats et les gouvernements. Les syndicats de l'enseignement continueront de faire pression sur les gouvernements et les établissements universitaires pour protéger les travailleur·euse·s de l'enseignement supérieur en ces temps difficiles.