Améliorer l’accès du personnel enseignant de l’EFP au développement professionnel

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La Fondation européenne pour la formation (ETF) a mené une série d’enquêtes auprès du personnel enseignant et de la direction des établissements d’enseignement et de formation professionnels (EFP), afin d’en apprendre davantage sur leur statut et leurs besoins de développement professionnel continu (DPC). Cette recherche, intitulée « Ecouter le personnel enseignant et la direction des établissements d’enseignement professionnel : résultats de l’enquête internationale de l’EFT 2018 », a été menée entre 2018 et 2019 dans neuf pays : Albanie, Algérie, Belarus, Kosovo, Moldavie, Monténégro, Serbie, Tunisie et Turquie. Cette enquête s’inscrit dans le sillage d’une autre enquête similaire conduite par l’EFT en 2015. Le rapport examine également la formation initiale, les qualifications professionnelles, le temps de travail et les horaires du personnel enseignant de l’EFP, ses méthodes d’enseignement et d’évaluation, ainsi que le DPC et le travail de la direction des établissements de ce secteur.

La fondation ETF indique que le problème des pénuries de personnel dans l’EFP n’est pas propre aux pays de l’OCDE. Plusieurs pays tels que la Serbie, le Kosovo et le Monténégro sont également confrontés au vieillissement de leurs effectifs. En Albanie, en Moldavie et au Belarus, au moins 60 % des responsables d’établissement scolaire signalent un manque de personnel enseignant qualifié ou compétent pour travailler dans l’enseignement professionnel, une situation préjudiciable à la qualité de l’enseignement et de la formation. Seule une minorité des enseignant·e·s de l’EFP estiment que leur profession est valorisée au sein de la société.

Près de 88 % des effectifs interrogés travaillent dans le cadre d’un contrat permanent, 86 % ont un emploi à temps plein. Un nombre relativement important d’entre eux ont des contrats à durée déterminée au Belarus (44 % ont des contrats à durée déterminée pluriannuels), au Kosovo (31 %) et en Serbie (22 %). Le rapport s’intéresse également aux affiliations syndicales du personnel enseignant de l’EFP. En tant qu’employé·e·s de la fonction publique, un nombre relativement élevé d’enseignant·e·s sont membres d’un syndicat. Les plus hauts taux d’affiliation sont enregistrés au Belarus (97 %), au Kosovo (81 %), en Moldavie (78 %) et au Monténégro (70 %).

Dans les neuf pays étudiés, 64 % des effectifs de l’EFP avaient participé à une forme ou l’autre de DPC au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. 80 % d’entre eux y ont participé en Serbie, au Monténégro, en Albanie et en Moldavie, mais seulement 48 % ont suivi des programmes de DPC dans des entreprises (y compris des visites d’étude). La crise de la covid-19 a davantage touché les établissements d’EFP, étant donné que les cours pratiques ont été suspendus. D’autre part, à peine 34 % du personnel enseignant de l’EFP a eu l’occasion de participer à des programmes de DPC avant la pandémie.

Au niveau international, la participation moyenne du personnel enseignant de l’EFP à des programmes de DPC correspond à 30 heures par an, mais seuls 31 % des effectifs dans les neuf pays étudiés ont atteint ce nombre d’heures obligatoire. 50 % des effectifs de l’EFP ont atteint ce seuil en Serbie, en Moldavie et au Monténégro. Près d’un tiers des responsables d’établissement d’EFP avaient suivi au moins 30 heures de cours ou de conférences au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. Cette participation est particulièrement élevée au Monténégro, au Belarus et en Albanie.

Le rapport de l’ETF adresse un certain nombre de recommandations aux responsables politiques : mobiliser les entreprises en vue de proposer au personnel de l’EFP des programmes de DPC en milieu professionnel, établir des partenariats entre universités et établissements d’EFP pour assurer le DPC des effectifs et faire le lien entre expertise et recherche, et améliorer leur collaboration dans le cadre de l’accompagnement en milieu scolaire.

Dans la mesure où le CSEE a demandé que le DPC soit un droit pour chaque enseignant·e, nous nous félicitons des recommandations adressées par l’ETF aux responsables politiques, visant à définir les conditions et les droits liés au DPC des enseignant·e·s et des formateur·rice·s de l’EFP. Le CSEE salue en particulier les recommandations invitant les gouvernements à impliquer le personnel enseignant et les employeurs dans la prise de décision, à investir dans les environnements d’apprentissage et la technologie, et à améliorer le statut du personnel enseignant en veillant à faire correspondre les salaires aux structures de carrière, afin de soutenir la professionnalisation. Point important, le rapport met en avant le rôle des syndicats de l'enseignement dans le développement et la définition des politiques, un rôle qui n’est pas toujours garanti. Raison pour laquelle nous sommes en droit de nous demander pourquoi l’ETF ne recommande pas clairement aux gouvernements de garantir un dialogue social efficace avec les syndicats de l’enseignement dans le cadre de l’élaboration des politiques ayant un impact sur les conditions de travail du personnel enseignant et de la direction des établissements d’EFP, leurs salaires, la formation initiale et le DPC.

Le rapport est disponible ici (en anglais).

L’enregistrement du webinaire de la fondation ETF peut être visionné ici.