La FRA publie un rapport intitulé « Fuir l’Ukraine »

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Un récent rapport sur les réfugié·e·s ukrainien·ne·s au sein des États membres de l'Union européenne permet une meilleure évaluation du profil des Ukrainien·ne·s déplacé·e·s et peut être utilisé comme un moyen d'identifier les politiques permettant de mieux soutenir les réfugié·e·s et les personnes déplacées en provenance d'Ukraine et d'autres pays. Le rapport aborde également les défis de la politique éducative.

Le 28 février 2023, l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA) a publié un rapport présentant les résultats de son enquête en ligne auprès des personnes déplacées venant d'Ukraine. Le rapport, intitulé « Fuir l’Ukraine: expériences de personnes déplacées au sein de l’UE », a été nourri des informations données par plus de 14.000 répondant·e·s et couvre les 10 pays de l'UE qui accueillent un grand nombre de personnes sous protection temporaire - Bulgarie, Tchéquie, Estonie, Allemagne, Hongrie, Italie , Pologne, Roumanie, Slovaquie et Espagne.

La question de l'éducation doit être abordée de toute urgence car elle est essentielle pour l'inclusion, le bien-être et le développement des réfugié·e·s ukrainien·ne·s. En effet, malgré divers efforts et réponses politiques aux niveaux européen et national, les conclusions de la FRA montrent que les réfugié·e·s ukrainien·ne·s sont toujours confronté·e·s à de nombreux problèmes d'accès à l'éducation dans les pays d'accueil. En effet, moins de la moitié de ceux·celles qui étaient aux études peu avant de quitter l'Ukraine ont poursuivi leurs études. La plupart d'entre eux·elles ont répondu que cela était dû au fait qu'il·elle·s avaient terminé leurs études, mais aussi à leur incapacité à parler la langue du pays d'accueil (20%), au fait qu'il·elle·s devaient s'occuper d'un proche (12%) ou qu'il·elle·s n'avaient pas les moyens de poursuivre leurs études (9 %).

Dans l'ensemble, 7 étudiant·e·s sur 10 ont fréquenté une école ou une université dans le pays d'accueil, et 6 sur 10 ont suivi une formation en ligne avec une école ukrainienne ou ont appris par eux·elles-mêmes en utilisant du matériel/avec le soutien de l'Ukraine. En ce qui concerne les enfants déplacés non scolarisés, l'enquête a montré que cela s’expliquait par le manque de ressources technologiques pour suivre une scolarité, l’absence de logement stable, le fait de n’être accepté·e par aucune école et les problèmes financiers.

En outre, de nombreu·euse·s répondant·e·s ont signalé des problèmes concernant leur logement, notamment le manque d'intimité et de place pour le bien-être de leurs enfants. Les barrières linguistiques sont un problème particulièrement répandu et affectent de nombreux domaines de la vie des réfugié·e·s ukrainien·ne·s. Cette préoccupation doit être rapidement résolue en offrant davantage de possibilités aux réfugié·e·s de suivre des cours de langue, car c'est l'une des principales raisons pour lesquelles de nombreux·euses répondant·e·s ukrainien·ne·s ont choisi de ne pas poursuivre leurs études dans leur pays d'accueil. Deuxièmement, ce problème impacte leur accès au travail, les deux tiers des répondant·e·s indiquant ne pas avoir de travail rémunéré à ce moment-là. Cela touche particulièrement les mères, pour qui la responsabilité de la garde des enfants est un obstacle au travail. De plus, la moitié des personnes déplacées interrogées ont déclaré qu'elles se sentaient souvent ou toujours déprimées depuis leur arrivée. Ceci est également très préoccupant pour les enfants, car un enfant sur deux a indiqué avoir des difficultés à dormir, à se concentrer, une perte de confiance et un sentiment de vulnérabilité.

Les besoins immédiats et importants exprimés dans le rapport de la FRA reflètent les conclusions des missions de solidarité du CSEE en Pologne, Roumanie et Moldavie (mai 2022) et en Estonie, Lettonie et Lituanie (janvier 2023). En effet, de nombreux défis évoqués, notamment les barrières linguistiques, le besoin de personnel éducatif parlant l'ukrainien, le manque d'outils TIC et d'équipements pédagogiques, ainsi que les thèmes des problèmes psychosociaux et de la double scolarisation, ont également été mentionnés par les organisations membres du CSEE dans ces pays. Les organisations membres du CSEE soulignent la nécessité pour les enseignant·e·s d'enseigner la langue nationale comme langue étrangère ainsi que les implications difficiles pour les étudiant·e·s qui suivent à la fois le programme ukrainien et le programme de leur pays d'accueil, ce qui est en effet le cas pour de nombreux étudiant·e·s selon l'enquête de la FRA.

La publication de ce rapport et de ses résultats souligne davantage les appels lancés par le CSEE dans sa Résolution sur la Paix en Ukraine (2022) pour la fourniture d'investissements importants dans l'éducation afin de soutenir et d'équiper les enseignant·e·s et les autres personnels de l'éducation alors qu'il·elle·s travaillent pour répondre aux divers besoins des étudiant·e·s migrant·e·s, ainsi que pour que les gouvernements veillent à ce que les réfugié·e·s et les migrant·e·s et leurs familles aient accès au marché du travail et aux systèmes de soutien social dans les pays d'accueil.