Tirons les leçons de cette crise! Les dirigeants européens soutiendront-ils notre appel à placer l’éducation publique équitable et de qualité au cœur de la reprise post-COVID-19?

18 juin 2020

L’épidémie de COVID-19 est une crise de santé publique totalement différente de tout ce à quoi l’Europe a été confrontée depuis de nombreuses années. Alors que le personnel éducatif et ses syndicats sont aux prises avec l'épidémie, nous soutenons et informons les organisations membres dans toute la mesure possible.

Les syndicats européens appellent les dirigeant·e·s de l'UE à définir et à mettre en œuvre un ambitieux plan de relance économique, avec une répartition équitable de la charge entre les pays et les communautés. Le CSEE soutient cette demande, tout en proposant une version à long terme pour la reprise dans le secteur de l'éducation – aussi bien pour les pays membres que non membres de l'UE. Les conditions de travail et l'autonomie professionnelle des enseignant·e·s et du personnel éducatif doivent être respectées, tandis que le personnel et les élèves de tous les groupes doivent obtenir le soutien dont ils ont besoin pour s'épanouir. Nous devons, avant toute chose, réformer la gouvernance économique et renforcer l'investissement public dans nos systèmes éducatifs, en donnant la priorité à une éducation de qualité pour tous, avant les intérêts privés et la commercialisation.

Ce vendredi 19 juin, les dirigeant·e·s européen·ne·s se réuniront en ligne pour débattre d'un projet de plan de relance économique s’élevant à près de 750 milliards d'euros. La crise de santé publique de cette nouvelle pandémie est rapidement devenue une crise sociale et économique, et la situation ne pourrait guère être plus urgente. Au cours du premier trimestre de cette année, le PIB de l'UE a connu sa plus forte baisse en 30 ans, tandis que le nombre de personnes occupant un emploi a diminué pour la première fois depuis 2013. Au sein de l’Union européenne, près de 60 millions de travailleurs.euses ont été licenciés ou placé en chômage temporaire. Le secteur de l'éducation n'est pas à l'abri, les travailleurs·euses précaires étant particulièrement vulnérables. Le nombre de ces emplois et de ces entreprises qui sont définitivement perdus dépendra de la réponse politique à la crise.

Les enseignant·e·s et autres personnels de tout le secteur de l'éducation en Europe ont travaillé dur pour soutenir leurs élèves et leurs communautés. À leur tour, le CSEE et les syndicats de l'éducation ont travaillé dur pour les soutenir. Comme pour tous les travailleurs de première ligne, l'adaptation et la résilience des travailleurs·euses de l'éducation ont été impressionnantes. Il nous faut maintenant un plan à long terme pour aider les économies et les systèmes éducatifs à se remettre de cette crise et à s'adapter à la nouvelle réalité. Si relevons ce défi, nous aurons la possibilité de bâtir une société meilleure et plus juste pour les travailleurs·euses. En revanche, si nous faisons les mauvais choix, nous risquons de détruire définitivement les services publics, de creuser davantage les inégalités et de jeter les bases de futures crises économiques et politiques. Le fonds de relance de 750 € de l'UE est une première étape essentielle. Nous soutenons l'appel de la CES aux dirigeant·e·s européens leur demandant de l'approuver rapidement et en toute solidarité, sans pour autant appliquer des dettes excessives ou des conditionnalités qui pourraient engouffrer les gouvernements dans une nouvelle vague d'austérité désastreuse et de réductions des dépenses dans les services publics.

Le Comité du CSEE a également adopté une nouvelle déclaration du CSEE sur La voie de la reprise après la crise du COVID-19. Il expose une vision à long terme de la reprise dans le secteur de l'éducation, appelant les gouvernements à agir en toute solidarité aux niveaux national et international. Les gouvernements doivent:

  • Respecter et promouvoir les droits syndicaux et s'engager dans un dialogue social efficace pour une économie plus juste;
  • Veiller à ce qu'aucun élève ou enseignant·e ne soit laissé pour compte: les inégalités d'accès à une éducation de qualité ne doivent pas être exacerbées davantage et la fracture numérique doit être combattue, en tenant compte des différents besoins des femmes et des hommes;
  • Reconnaître que les enseignant·e·s sont irremplaçables: l’aspect social de l’éducation est au cœur du développement et du bien-être des élèves; l'enseignement à distance ne peut pas remplacer l'enseignement en face à face;
  • Garantir des conditions de travail décentes, y compris le droit à un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ainsi que des lieux de travail sains et sûrs dans le cadre d’un retour à une éducation en établissement d’enseignement;
  • S'engager à stimuler l'investissement public dans l’éducation publique de qualité pour tous, à fournir aux enseignant·e·s et aux autres personnels de l'éducation les ressources, les outils, la formation et l'autonomie professionnelle dont ils ont besoin pour dispenser un enseignement de haute qualité et pour rendre la profession plus gratifiante;
  • Entreprendre des mesures en vue d’élargir l'assiette fiscale et de lutter contre la fraude fiscale et l'évasion fiscale des entreprises;
  • Réviser d'urgence Pacte de stabilité et de croissance de l'UE pour créer un cadre budgétaire au sein de  l'UE qui permette aux pays de renforcer l'investissement public dans l'éducation en excluant l'investissement dans l'éducation, la formation et la recherche publiques du calcul des niveaux de déficit et d'endettement;
  • S'engager à augmenter le budget de l'UE et à adapter le cadre financier pluriannuel de l'UE pour donner à l'UE une capacité fiscale significative afin de lutter contre les inégalités et de soutenir la reprise économique.

Lire la Déclaration du CSEE sur La voie de la reprise après la crise du COVID-19.

Lire la Déclaration de la CES sur L'épidémie de COVID-19 et la stratégie de relance.