Bien-être des universitaires et des chercheur·euse·s aux Pays-Bas : lesquel·le·s d’entre eux·elles ont-il·elle·s été le plus affecté·e·s par le Covid-19 ?

1 mars 2022

L’épidémie de COVID-19 est une crise de santé publique totalement différente de tout ce à quoi l’Europe a été confrontée depuis de nombreuses années. Alors que le personnel éducatif et ses syndicats sont aux prises avec l'épidémie, nous soutenons et informons les organisations membres dans toute la mesure possible.

Rubriques connexes

Une nouvelle étude menée par le Dutch Network of Women Professors et la Young Academy a interrogé près de 6000 universitaires et doctorant·e·s aux Pays-Bas pour évaluer l'impact du confinement dû à la pandémie de Covid-19 en 2020 sur leur travail et leur bien-être. Le rapport qui en résulte révèle que la pandémie de Covid-19 a amplifié les inégalités existantes et a eu un impact majeur sur le bien-être des universitaires ayant des enfants, en particulier les femmes, ainsi que sur les universitaires en début de carrière et migrant·e·s.

Effet direct du travail à domicile lors du premier confinement en 2020, les universitaires aux Pays-Bas ont déclaré avoir consacré plus de temps à l'enseignement et moins à la recherche par rapport à la période précédant la pandémie.

Cependant, la pandémie de Covid-19 a particulièrement perturbé l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des universitaires ayant des enfants, dont la perte de temps consacré à la recherche était deux fois plus importante que pour les universitaires sans enfants dans leur foyer. Les universitaires ayant des enfants ont en outre indiqué que le stress lié à la famille les empêchait d’effectuer leur travail selon les normes auxquelles il·elle·s étaient habitué·e·s. Cela a entraîné un conflit entre le travail et la famille, qui était beaucoup plus important pour les femmes. En effet, par rapport aux autres universitaires ayant de enfants, les femmes universitaires ayant des enfants ont signalé un stress et une anxiété plus élevés en raison du travail à domicile, d'une charge de travail insoutenable, des questions concernant leur avenir dans le milieu universitaire et de la santé de leurs proches.

De plus, le personnel universitaire en début de carrière, comme les titulaires de doctorat, les postdoctorant·e·s et les professeur·euse·s adjoint·e·s, a signalé des niveaux d'épuisement plus élevés et, par conséquent, un engagement au travail plus faible que les chercheur·euse·s, les professeur·euse·s associé·e·s et titulaires. Les problèmes de santé mentale et physique étaient plus importants chez les candidat·e·s au doctorat comparativement, par exemple, aux professeur·euse·s agrégé·e·s et titulaires.

De nombreux·euses candidat·e·s au doctorat, chercheur·euse·s postdoctoraux·ales et professeur·euse·s adjoint·e·s ont même signalé des niveaux élevés de stress au sujet de leur avenir dans le milieu universitaire et de leurs perspectives d'emploi en général. À leur tour, les professeur·euse·s agrégé·e·s et titulaires ont déclaré être plus préoccupé·e·s par le bien-être de leurs collègues et du personnel et ont signalé plus de stress concernant les questions d'enseignement et la lourde charge de travail. Fait inquiétant, le personnel académique travaillant dans des postes temporaires a connu les niveaux les plus élevés de stress et d'anxiété.

Les problèmes multidimensionnels de migration et de statut juridique pendant la pandémie ont eu un impact sur le bien-être au travail. En effet, les universitaires n’ayant pas la nationalité néerlandaise ont signalé des niveaux de stress et d'anxiété plus élevés pendant la pandémie concernant leur santé mentale et physique, les progrès de la recherche, la charge de travail insoutenable et leur avenir dans le milieu universitaire. Il·elle·s ont également signalé un épuisement plus élevé et des scores d'engagement vis-à-vis du travail inférieurs à ceux des universitaires néerlandais·e·s.

Le CSEE fait remarquer que ces résultats, corroborant des conclusions similaires en France et au Royaume-Uni, dépeignent de manière inquiétante l'exposition du secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche aux risques psychosociaux et au stress lié au travail pendant la pandémie de Covid-19.

Commentant ces résultats, Gerlof Donga (AOb, Pays-Bas), membre du Comité permanent du CSEE de l'enseignement supérieur et la recherche, a déclaré : « Bien que la recherche soit basée sur l'auto-évaluation, elle donne une indication de l'impact de la première année de la pandémie de Covid-19 dans l’ESR aux Pays-Bas. Il y a lieu de croire que ces effets n'ont fait qu'empirer depuis lors. Il est donc essentiel que les décideur·euse·s politiques tiennent compte de ces conclusions et s'attaquent à l'impact à long terme de la pandémie sur les conditions de travail dans l'Espace européen de l'enseignement supérieur ».

 

Pour en savoir plus:

Etude française sur l’impact psychosocial impact du Covid-19 sur les chercheur·euse·s

Une étude britannique révèle que le stress et l’anxiété étaient supérieurs à la moyenne nationale pendant la pandémie de Covid-19